Hans

Hans était parti dans le grand nord. Il avait trop espérer pendant son enfance que la libellule daigne se poser sur le nénuphar comme il l’avait vu dans Bernard et Bianca. Il avait même voyagé loin de chez lui, approché le Bayou pour pouvoir enfin avoir la chance de voir de près une libellule se poser sur un nénuphar.
Comme ce miracle de la nature ne voulait pas s’offrir à lui, il abandonna son rêve d’enfant et s’en alla avec une autre idée en tête : harponner un poisson chat.
Arrivé dans les steppes glacées, il se calfeutra dans un igloo. Il n’était ni curieux ni bagarreur. Pourtant, pour accomplir son nouveau dessein, il lui fallait ouvrir l’œil et avoir, bien évidemment, de la force dans les bras. Pas question d’être mollasson !
Il sortit, traça un cercle au compas pour briser la glace. Il s’accroupit, le harpon armé. Mais le poisson chat, ce goujat, ne se montrait toujours pas !
Hans se mit alors à rêver à nouveau de Bernard et Bianca, de la course effrénée de la libellule, de la chaleur et de l’humidité de la Louisiane. Ici, le temps était sec et froid. Même ses larmes ne coulaient plus, asséchées avant même de s’être exprimées.
Le poisson chat ne viendra pas. La libellule n’atterrira pas. Hans ne comprend pas, ses rêves lui appartiennent. Il ne souhaite rien d’autre qu’un élan de vie parfumé. Pas question de bouffer les pissenlits par la racine ! Pas question de se battre en duel avec lui-même.
Hans avait choisi un itinéraire puis un autre. Hans avait fait une rencontre puis une autre. Hans avait disparu puis réapparu. Il était revenu du Bayou avec des odeurs, de la musique et la peau qui colle. Il était revenu du grand nord avec des images plein la tête, du silence et la peau sèche. Mais il n’avait toujours pas vu la libellule ni attrapé le poisson chat. Allez, la libellule et le poisson chat, soyez sympas, quoi, c’est son rêve d’enfant !
Hans n’est plus un enfant.

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