La balançoire

Elle se balançait, toujours plus vite, toujours plus loin et son rire grossissait à chaque mouvement. La nacelle tressaillait sous les éclats qui sortaient. C’était grisant. Le vent passait entre ses mollets et le soleil venait lui chatouiller les yeux de sa lumière vive du début d’après-midi. Elle voyait ses parents et ses frères au loin. Elle profitait de ce court temps de répit qu’elle avait. Elle restait toujours la petite dernière, jamais loin du regard d’un grand. Quelle rigolade quand même. Jusqu’à l’arrivée de deux molosses qui poursuivaient, peu taciturnes, plutôt excités. Elle ralentit mais ne put éviter le choc. Un des deux chiens passa sous la balançoire et tout bougea très vite. Le ciel puis le sol se rapprochèrent brusquement et elle atterrit violemment dans une flaque de pluie qui s’était formée le matin. Les sanglots montèrent dans sa gorge, sans pouvoir les contrôler. Elle se trouva bête, petite, effrayée par l’allure menaçante des arbres autour d’elle comme emprisonnée dans de hautes murailles de branches et de feuilles. Elle ne pouvait plus attendre et appela ou plutôt hurla « maman, maman j’ai mal ». C’est vrai qu’elle avait mal. Les genoux écorchés, des cailloux incrustés dans les paumes de main. Sa mère arriva enfin et sans prendre de gants commença à la gronder. Ce n’était quand même pas de sa faute si ce méchant chien l’avait faite tomber et que dans sa chute elle avait écrasé sur son short une famille d’escargots partie sur la route de la flaque comme d’autres prennent l’A7 au mois d’août.

 

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