Chanter à tue-tête

Tu regardes par la fenêtre ouverte les nuages tourner. Les mouettes s’agitent à l’horizon. Elles piaillent, elles crient le désespoir que tu as en toi. Je me demande à quoi tu penses parfois. Tu es perdu dans tes pensées, à moitié endormi dans le canapé tout mou, complètement affaissé. A quoi penses-tu ? Tu navigues en eaux troubles et tu gardes ton petit sourire narquois. Quand arrêteras-tu de tourner en rond ? Même les mouettes comprennent à un moment qu’il faut arrêter de tourner et plonger. Plonger dans la vie, plonger dans l’amour. Je sais que tu as peur de plonger. Tu pourrais sombrer dans la folie : commencer à mettre des tutus en chantant à tue-tête. Chanter des chansons d’amour à tue-tête te sortirait de ta torpeur.
Tu regardes toujours par la fenêtre. Tu marmonnes, chantonnes d’une voix faible, à peine audible. Et moi, je fume, oui, je fume. Quelle idée ! J’expire ce nuage noir qui s’est enroulé autour de toi.
Chante, danse, plonge dans la vie, trempe tes pieds dans l’eau au moins ! Tu verras, tes doigts de pied seront ravis et en éventail. Ils te feront de l’air comme ça. Ils balaieront le nuage noir. Allez, vas-y, bouge, plonge, tu t’en remettras.
Vas-y et montre-moi parce que je te l’ai déjà dit, je ne sais pas comment me servir d’un éventail. J’étouffe, tu vois, même la fenêtre ouverte.
Soudain, les mouettes se taisent, tu te tournes vers moi, tu me vois enfin. Tu commences à chanter à tue-tête. J’éteins ma cigarette et te rejoins au refrain. Nous respirons les nuages blancs. Nous, enfin, nous.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.