Instant matinal

Le coq fait des vocalises avant que le chat ne vienne tirer le drap qui recouvre le corps de Maëlle. Il est réglé comme une horloge, Léonard, il vient la sortir du lit avant que le chant des cigales ne résonne. Ça, c’est un cadeau de tante Henriette. En direct de chez Nature et Découvertes.
– Tu verras, tu pourras régler le bruit à émettre au réveil. Le fracassement des vagues sur la jetée, le grondement de l’Etna, ou le chant des cigales.
Va pour les insectes. Léonard miaule pour un duo mémorable avec Jiminy Cricket. Il n’y a d’autre solution que sortir du lit, tout le moins essayer. Léonard s’entortille entre les jambes de Maëlle, avide de caresses et du dernier Sheba au thon rouge.
– Un chat de luxe ! Avait objecté la tante Henriette. Moi, ma minette, elle se contente des croquettes Félix et des restes. Et-elle-se-porte-à-mer-veille.
Maëlle donne un coup sur le réveil, ce qui l’arrête, d’une part, mais aussi la défoule, par ailleurs. Elle traîne les pieds jusque dans la salle de bain, regarde ses cernes dans le miroir, ses yeux noircis des coulures du rimmel de la veille. Elle ne n’est pas démaquillée, trop crevée après l’after-work d’hier.
The place to be, avait dit son manager, Étienne. Montre-toi pour te faire remarquer !
– Mais je n’ai rien à vendre, avait rétorqué la jeune femme.
– Tant que tu tapes dans l’œil de quelques uns, ça vaut la peine. Par ici les gambettes, les décolletés et les jupettes ! Avait ajouté Étienne.
Docile, Maëlle avait obtempéré.

 

Ce matin, c’est samedi, et Léonard n’a pas encore compris qu’il n’est pas la peine de se lever si tôt. Même Maëlle l’a oublié, puisqu’elle a laisser sonner le réveil. A moins que…
C’est quoi, son nom, au blondinet qui lui a fait du gringue toute la soirée ? A… Arthur, Arthus, Actarus ? Non, ça, c’était dans Goldorak. Maëlle retourne dans sa chambre et ouvre son sac à main. « Golf samedi 22. 06 22 33 45 66 ». Mince ! C’est aujourd’hui. Son premier parcours de golf. Trop tard pour annuler ? Pas facile d’appeler je ne sais qui pour dire « Salut, c’est moi, je ne viens pas ». Maëlle verse de l’eau sur le comprimé effervescent de vitamines au fond de son verre. Regarder les bulles laide à réfléchir.
Son téléphone bipe ; « Je suis malade. A. » Et Maëlle part se recoucher.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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