– Viens, on va au musée, dit Mamie à Victor.
– Tu viens t’amuser avec moi ? demande le garçonnet, l’œil rond de surprise.
– Non, enfin, oui, si tu veux. On va voir des tableaux avec des lapins, des messieurs et des dames très joliment habillés…
– Mamie, il pleut. T’as pas des trucs rigolos à la place ?
Mamie se gratte la tête avec le sommet de sa canne. Elle se rappelle les visites dans les salles du Louvre à jouer à cache-cache derrière les statues avec sa fille Louise. Visiblement, la jeune femme n’a pas transmis cette passion à son fils. Alors lui vient l’idée de créer des tableaux imaginaires. Victor aime le dessin, ça tombe bien. Mamie propose à l’enfant de dessiner le petit lac où il trempait ses pieds, au fond de la vallée. Le garçon s’exécute, même s’il n’en a aucun souvenir. Il était trop petit. Mamie hausse le niveau et propose au gamin de représenter la solitude. Elle chante du Michel Berger, qui se retourne, et se retrouve seul. Mamie exagère, Victor ne connaît pas les chanteurs anciens. Mamie demande encore de dessiner son grand-père à elle, disparu en 14. 1914.
– 1914 ? interroge Victor, qui peine à imaginer le siècle parcouru.
Il jette un œil à la fenêtre, et aperçoit un vieil homme avec une canne, des lunettes et un chapeau. Va pour le grand-père de Mamie. Mamie continue le jeu, inlassablement, et se résout à le partager avec Victor.
– A présent, nous allons imaginer l’affiche d’une exposition sur le temps qu’il fait, les saisons.
Elle esquisse un parapluie, l’eau qui ruisselle sur la toile tendue par les baleines. Victor continue le dessin, titre un épais trait vertical et appose un soleil, qui fait fondre un cornet de glace. Mamie poursuit avec l’automne, les feuilles dorées qui tombent et font glisser les piétons. Victor enfin complète l’hiver d’un bonhomme de neige avec son balais et son nez orangé.
C’est un peu par hasard que j’ai découvert le plaisir d’imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j’ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l’enchantement. Merci à tous.
Emmanuelle P
C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.
