Olive or not olive

Il était en colère, les yeux de travers, les sourcils froncés, la bouche pincée. Il en voyait de toutes les couleurs. Il était en colère après elle. Elle avait englouti toutes les olives, les vertes et même les noires. Plus rien pour lui et son ventre affamé. Tu parles d’un apéritif ! Sans olives, ça ne vaut pas une cacahuète. Et son whisky sans glaçon. « On the rocks », il lui avait dit à la serveuse. Au lieu de ça, elle avait gobé toutes les olives. Ah les olives ! Il aurait peut-être dû demander un dry Martini, il en aurait au moins eu une. Et puis, il aurait pu décrocher son plus beau sourire et montrer ses dents toutes blanches en susurrant : « My name is Bond, James Bond ».
Et non ! Il préférait le whisky pour oublier ses bleus à l’âme, avec des glaçons pour les atténuer. Assis au comptoir, une fesse sur le tabouret, il avait le visage rouge sang de voir cette greluche se pavaner de table en table, picorant au passage les olives à chaque table. Vert de rage, même ! Qui était cette demoiselle, un peu rebelle, un peu belle ? Elle lui faisait tourner la tête. Il était vert de jalousie qu’elle puisse regarder quelqu’un d’autre que lui. Vert de tout, comme les olives qu’il n’a pas mangées.
Il aimerait tellement qu’elle s’occupe de lui, qu’elle lui donne des olives, vertes de préférence, et un whisky avec des glaçons. Mais, non, chaque soir, il venait la voir pour qu’elle l’aperçoive, qu’elle lui sourit, pour que son avenir soit moins gris et plus joli, en harmonie.

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