Paris. La Seine.

La Seine. Tu frissonnes de sons. Toujours. Des sons du dehors.

Des motos, des klaxons, des alarmes. De la ville entière.

De la vie des autres, de leurs mots transbahutés par le vent.

De leurs courses. La course folle des hommes à tes cotés.

 

Et puis, tu bruisses sans cesse dans ton corps, sur tes rives.

Mouvementée, grise ou verte, ondoyante, et charmeuse,

Eclatante de jeunesse, ou parfois juste lasse,

au pied de Notre Dame, langoureusement lovée.

 

Les mouettes égarées, grisées de tes tournures

foncent en biais sur ta nappe mouvante.

Et d’un bec agile au creux de tes sillons fugaces,

brandissent fièrement leur pèche hasardeuse.

 

La Seine. Bavarde de ta houle aujourd’hui,

tu susurres des onomatopées clandestines,

des murmures d’une vie d’antan, d’une vie d’ailleurs.

Echo d’une existence non dite et sans mémoire.

 

La Seine. Ventée, tu dégourdis ton ventre

en un  balancement rythmé, et enivrant.

Et tu charries, tu le sais, des émois Insoupçonnés.

Belle muse parisienne, de tous temps, adulée.

 

Pinceaux, encres et fusains. Cansons, toiles et carnets

ont tenté depuis toujours de capter tes caprices.

Vaines tentatives. De toutes ces prisons de papier,

tu t’évades, tu t’enfuies, et tu t’encanailles ailleurs.

 

Et tu épouses Paris, et ses quais. Exigeante maitresse.

Tu épouses les pauvres, et tu séduis les bourgeois.

Et, en tes heures macabres ou meurtrières, tu épouses les filous,

tu couvres leurs morts, leurs armes, et les vices de la terre.

 

Toi, la Seine. Tu pourrais dire tant de choses.

Témoin de nos amours, témoin de nos méfaits

Témoin de nos batailles, et de nos renoncements.

Mais, toi, la Seine, Vieille Dame, tu te tais.

Anne G.

 

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