La prison, c’est moi

La prison, c’est moi.

La camisole liberticide, c’est moi.

Ne te trompe pas. C’est toi qui as tué.

Oui, le meurtrier, c’est moi.

Les parloirs une fois par semaine, c’est moi.

L’avocat qui me soutient du bout des lèvres, du bout du coeur, c’est pour moi.

Oui, j’ai torturé. Et j’ai aimé ça.

Je l’ai prise à bras le corps.

J’ai arraché un à un ses membres.

Une décharge d’adrénaline me parcourait l’échine.

Je l’ai écrasée sous ma semelle.

L’araignée.

 

Je minore mes actes ? Le crime m’est devenu banal. C’est un mode de vie. Je tue, j’égorge depuis que je sais tenir un couteau en plastique. J’ai commencé avec la dînette de ma sœur, et j’ai fini avec la hache du bûcheron.

J’aime le sang. Et mes codétenus s’en souviennent.

Le mitard, c’est moi. Même pas mal.

Les promenades surveillées, c’est moi.

C’est ma vie. Je me sens important ; il y a des paires d’yeux braqués sur moi. Braquage inversé. Moi, j’ai braqué des banques. Eux, les matons, ils braquent ce que la loi leur permet : des pupilles, des iris que j’ai souvent envie de crever. De rage.

Les barreaux aux fenêtres, c’est moi. Le harcèlement pour cantiner, c’est moi.

Ils me craignent tous à la centrale. Ils voudraient me butter, mais ils n’osent pas affronter mes yeux injectés du sang de mes victimes.

Mes mains assassines font peur.

Mes doigts menaçants effraient.

 

Je serai une étoile au firmament des criminels. Et l’on se prosternera devant moi.

Je serai l’étoile qui guidera d’autres âmes belliqueuses.

Je ne m’arrêterai jamais de briller, et j’éblouirai l’avocat minable qui n’ose pas plaider le génie pour moi.

Il veut me faire passer pour fou.

Non, je suis l’étoile, je suis la star. Je suis le maître, il est l’esclave du juge. Indéfendable, me dit-il. Je suis indéfendable.

Pas grave, j’affronterai seul les regards des familles, des étoiles dans mes yeux.

Le procès sera mon heure de gloire.

 

Après, je choisirai mon dernier repas , concocté par un chef 3 étoiles.

Je fumerai ma dernière clope.

Et j’irai m’allonger sur la table.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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