Depuis quelque temps déjà, il y avait dans l’atelier une atmosphère , une ambiance qui avaient beaucoup changé.
C’était une petite entreprise que la nôtre. Le patron & la patronne étaient plutôt sympa. avec une énergie & un allant communicatifs. Autour d’eux, douze compagnons, dont une femme. Comme les 12 apôtres, rigolait Toinou qui aimait bien faire son savant.
Nous étions ensemble au taf depuis 5 ans à fabriquer des rondelles & des joints de « Pitot » pour l’aviation.
Le patron, Louis, que seule la patronne appelait Louison, même quand elle hurlait son nom à travers l’atelier, était un gars parti de rien, astucieux, qui avait mis au point une technique particulière de fabrication de ces joints. Bingo !!! Cela avait multiplié par dix la production & permis le décollage de la Boite. Malgré cela, il ne se la jouait pas, toujours d’égale humeur, prêt à renfiler la blouse pour montrer aux plus jeunes comment monter une pièce sur une fraiseuse sans y laisser des doigts.
La patronne, que le patron appelait sans façon, « ma biche », ou « bichette », avait, comme de bien entendu, ses bons & ses mauvais jours ; mais ce n’était pas une mauvaise femme. Personne ne saurait dire comment elle était gaulée. Pour nous tous, c’était quelqu’un toujours avec une blouse à fleurs, perchée sur des souliers qui lui faisaient mal aux pieds, mais qu’elle n’aurait jamais quittés vu qu’ils lui faisaient la jambe avantageuse.
Nous étions tous ouvriers tourneurs, sauf la gamine, « la P’tiote » comme on l’appelait. Elle était entrer dans la Boutique pour faire la compta, mais rapidement, elle s’en lassa & à notre grande surprise, elle demanda si elle ne pouvais pas travailler à l’atelier.
On peut dire que cela avait créé de l’émotion parmi nous. Il fallait la former, la prendre en main. Quand la question de savoir qui allait s’en charger fut poser par le patron, les gars se regardèrent en silence, fixant leurs chaussures en serrant les poings dans les poches de leurs blouses. Puis Robert dit : « ça pourrait se faire !!! »
