Le volcan et le dragon

C’était un volcan perdu au milieu de l’océan. Il se sentait bien seul avec ses pensées. Un jour, un homme s’échoua sur ses pieds. C’était un mathématicien qui pour passer le temps écrivait ses formules sur le corps du volcan. Le temps passa et l’homme disparut. Le volcan dans sa tristesse se mit à pleurer tous ces symboles qu’il ne comprenait pas. Il pleura tant que le feu sortit de ses yeux et inonda ses pieds. Il pleura tant qu’il se mit à grandir. Haut dans le ciel, un dragon passa et vit toute cette lave, d’un rouge plus éclatant que ses écailles et bien plus chaude que son feu intérieur. Intrigué, il s’approcha du pauvre volcan. Il se posa au plus près du cratère débordant de tristesse. Et même immunisé de par sa nature, il eu bien plus chaud que dans toute sa vie. Le dragon appela alors pour rencontrer celui qui le surpassait. Le volcan sortit enfin de son chagrin, voyant son vœu exaucé. Ne plus être seul. Il calma ses larmes et accueillit le dragon et son trésor en son sein. Celui-ci y élut domicile, bien heureux d’avoir enfin trouvé un endroit grand et bien chaud pour ses écailles vieillissantes et sa richesse démesurée. Mais lui aussi se sentait seul et nostalgique. Il rêvait de cette jeune fille à la cape aussi rouge que son être. Comme elle lui manquait. Elle était partie si loin que même lui si fort n’avait pas pu la retrouver. Sa grand-mère l’avait fait partir pour le protéger de lui. Si affreux, effrayant et terrible. Alors qu’en fait, il n’aspirait qu’à l’aimer cette fille flamboyante. Alors volcan et dragon se réconfortaient de leur perte. Tour à tour racontant leurs aventures. De lignes tracées en vol plus haut que le ciel. D’exclamations enjouées en sommeil blottis l’un contre l’autre. Puis évoquant ce moment où la vie avait sonné le glas de leur parenthèse dorée. Le volcan retrouvant l’immensité solitaire de l’océan. Le dragon retrouvant la dureté de son caractère. Les années passant chacun rangea sa peine à double tour, ne gardant que les moments heureux au coin du cœur. Ils vieillissaient ensemble se réchauffant à la chaleur de l’autre. La rage du dragon en disparaissant emporta avec elle ce feu qui décimait tout. La tristesse du volcan en disparaissant emporta avec elle cette lave bouillonnante qui engloutissait tout. Ensemble, ils voyaient défiler les siècles sans que personne ne vienne les déranger. Jusqu’à ce qu’un jour, blottis l’un contre l’autre, ils disparaissent à leur tour dans le grand cycle de la vie.

C’est ainsi que finit la légende du volcan mathématicien qui rencontra un jour un dragon bien plus gentil que méchant. On raconte que c’est ainsi qu’est née cette petite île au milieu du Pacifique. Cette île en forme de dragon avec un volcan éteint n’abritant rien d’autre que de l’or.

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