« Oui, oui, j’arrive !! ». On venait de frapper à ma porte, trois coups discrets. Pourquoi ne pas utiliser la sonnette électrique ? Il n’était pas 10h.. J’étais seul, qui cela pouvait-il être ? Cela ne m’arrangeait pas.
J’ouvris en reculant d’un pas . Dans la lumière ainsi crée sur le palier étroit apparut une toute jeune fille, les yeux me fixant grands ouverts.
« Je suis votre voisine du dessous » dit elle d’une voix douce & chaude. « Il semblerait que l’eau de chez vous vienne jusqu’à chez moi » >Elle s’arrêta sans marquer d’émotion.
Je la fixais en silence, sans bien comprendre de quoi il retournait. Je ne voyais qu’elle, comme un aveugle, qui n’a jamais vu la lumière du jour, la perçoit d’un coup. Il n’en comprend pas d’abord la nature & reste stupéfait sans pouvoir nommer ce qui lui arrive.
« Il y a un début d’inondation » repris la voix qui semblait venir d’ailleurs. Elle disait quelque chose qui semblait me concerner ; mais de si loin qu’elle ne m’atteignait pas.
Je n’osais moi-même bouger & parce qu’on semblait attendre quelque chose de moi, je dis enfin : « une inondation !!! – mais entrez donc. »
Je m’effaçais pour la laisser pénétrer. Elle le fis avec grâce & précaution, comme si elle craignait de briser quelque chose. Dans la petite pièce qui me servait de salon, salle à manger, elle occupait l’espace presque en entier. Elle me regardait en silence, & c’est moi qui finit par me souvenir de ce qui nous avait amené là : une inondation. Sans la quitter des yeux, j’allais rapidement fermer le robinet de l’évier de la petite cuisine attenante. Il débordait & l’eau, en fins ruisseaux, descendait au sol & cheminait jusque sous les lattes du plancher flottant. Il portait bien son nom maintenant.
Au petit matin, elle repartit aussi doucement qu’elle était arrivée presque 24h. plus tôt. Elle s’appelait Célestine.
