Quelques nuances de bleu

Comme le lagon des atolls…

Comme un mur de fleurs…

Comme un champ de blé baigné de soleil sur un tableau abstrait…

Comme un bouquet de printemps…

Comme tes lèvres transies de froid…

 

Comment lui enseigner cette teinte ?

 

Aujourd’hui, j’ai décidé d’apprendre les nuances des couleurs à ma fille. Toutes ? Non. Celles de ma préférée, le bleu. Je l’ai prise par la main, et nous sommes allées à la bibliothèque.

– Bonjour, madame la bibliothécaire, je voudrais le petit livre du bleu, lance Maëlle.

On avait vachement bien répété la phrase avant de partir.

– Ah ! C’est que je n’ai que le petit livre rouge de Mao, mademoiselle.

– C’est qui ?

– Hem… un monsieur chinois. Mais il est mort.

– Ah bon. Tu as un livre bleu, alors ?

– Va voir le rayon des couleurs. Cote « COU ». C.O.U. Là-bas, à droite.

Maëlle me tire vers le bac à couleurs.

– Maman, c’est quoi, ça ?

– C’est du bleu.

– Comme quoi ? Comme un kangourou qui vient de naître ?

– Où as-tu appris ce mot-là ?

– Avec Simon.

– Ah. Et qu’est-ce qu’il t’a appris d’autre, ton frère ?

– Que toi, quand tu es fâchée, tu es toute rouge, et puis toute bleue parce que tu ne respires plus.

Je suffoque.

– Tu vois, tu vois, tu n’es plus rose, maman ! Il a raison, Simon.

J’ouvre le manuel du bleu, Maëlle est sur mes genoux.

– Alors là, le soleil se couche, et le bleu ciel devient bleu foncé, puis noir.

– Maman, regarde l’eau sur l’image, c’est pas pareil.

– Oui, c’est du bleu turquoise.

– C’est un turquoisie ?

– Qui t’a appris ça ? C’est Simon ?

– Vouuui !

– Bon, bon. Viens, regarde ces fleurs, on les appelle des bleuets.

– Ah ! Et les fleurs rouges, c’est des rougets ?

– Non, les rougets, ce sont des poissons.

– Maman, tu m’emmêles !!!

– Regarde le dessin ; il est de quelle couleur, le mur de la maison d’en face ?

– Bleu turquoise !

– Oui, c’est ça !

Soudain, une œuvre de Picasso, période bleue, prend place dans le livre. Zut, je n’ai pas préparé mon exposé sur le peintre. J’essaie à toute hâte de tourner les pages, en quête de bleu roi, de bleu pétrole, de bleu indigo. Mais je n’en ai pas fini avec les pièges. Je crois entendre Maxime le Forestier et sa maison bleus adossée à la colline.

 

Et là, j’ai le blues.

 

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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