Ralentir l’agitation…

Elle se lève en sursaut. Encore une fois. Endormie tard, elle ne parvient pas à se reposer. Un radio-réveil crieur la tire violemment de son inertie. Et elle chante. Elle hurle pour se donner des forces, sous la douche glacée. Le froid la stimule, même si elle gémit, en s’enveloppant dans sa serviette, les lèvres violacées.

A la hâte elle se prépare, enfile jupe et chemisier. Dans la précipitation, le bas file. Tant pis pour lui. Il termine à la poubelle. Elle offrira ses jambes à la caresse de l’air.

Elle boit son café, tiède. Pas le temps de le réchauffer. Son compagnon est déjà parti, en éteignant la cafetière. C’est leur petit rituel à eux; faire le café à l’ancienne, l’un pour l’autre.

Elle écrit un mot sur le frigo, pour lui. Je t’aime. N’oublie pas les croquettes pour le chat.

Elle sait qu’il le lira en rentrant avant elle.

Il est le vent, elle est la tempête. Lui, il pense dans un  bureau, réfléchit à des stratégies de communication, rédige des discours. Il est le souffle à l’oreille des géants.

Elle, elle dessine des plans sur la comète à longueur de journées sans pause. Elle doit démonter le monde pour placer ses produits. Elle se dope de cafés pour lutter contre la fatigue. Dans sa course à la performance, une phrase l’a brutalement arrêtée. C’état lors d’un séminaire sur la productivité. Il faut savoir ralentir et se taire pour capter l’agitation du papillon.

Ralentir. Elle a noté ce mot, l’a souligné trois fois, puis elle l’a encadré et regardé, encore et encore. Comme un terme nouveau dans son vocabulaire.

Ralentir, et se taire. Mais alors, comment convaincre ? Comment stimuler ? Comment invectiver ? Comment diriger ?

Ralentir et se taire, pour capter. Et si c’était cela, la clé ?

Contempler.

Méditer.

Observer.

Et attendre la quiétude.

Oui mais voilà, la quiétude est pour elle mère de l’inquiétude, elle-même sœur de l’intranquillité. L’immobilité lui fait peur, les statues grecques ou romaines provoquent en elle des attaques de panique.

Elle a besoin de mouvement pour conjurer sa propre mort, la repousser au plus tard possible.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.