Un coin tranquille

Elle s’arrêta quelques instants et s’assit sur un rocher, les pieds ballants. Elle observa les feuilles mortes au sol, la mousse encore verte au pied des chênes, les fougères éparses et le buisson d’orties un peu plus loin. Des brindilles, des branches cassées traînaient par ci, par là. Elle était entourée d’arbres immenses, centenaires certainement. Leur feuillage était dense, le vent souffla doucement dessus comme pour leur donner un peu d’air frais en cette journée caniculaire. Le soleil se faufilait entre les branches mais n’arrivait pas vraiment à éclairer ni à chauffer ce petit espace où elle avait décidé de reprendre son souffle.
La sueur perlait de son front, sa route était encore longue, il fallait qu’elle se ménage et profite de ces endroits secs et frais. Elle ouvrit son sac, sortit sa gourde, but quelques gorgées très lentement. Le silence alentour ne l’inquiétait étonnamment pas. Elle posait son regard sur chaque nouveau détail qui s’offrait à elle. Elle n’osa pas croquer dans son morceau de pain pour ne pas perturber la quiétude de cet instant. Elle cessa même de balancer ses pieds. Elle se redressa, leva la tête vers la cime des arbres. Elle mit sa main au-dessus des yeux pour ne pas être complètement éblouie.
Elle sentit soudain une goutte lui tomber sur l’arête du nez, puis une autre sur la tempe droite et une sur le menton. Des petites taches plus ou moins rondes se formaient sur ses chaussures. La pluie était minuscule mais attendue, rafraîchissante. Elle se mélangeait maintenant à la sueur de son front puis, après une douce lutte, la sueur disparaissait et laissait la place à une eau moins chaude, moins salée, moins perlée.
Le bruit des gouttes sur les feuilles, les troncs, les branches, son sac, ses vêtements commença à réveiller ce petit coin tranquille. Elle aperçut un mulot à moitié endormi se précipiter difficilement vers un autre abri pour finir sa sieste. Elle entendit le chant d’un oiseau sûrement un peu plus éloigné de là mais vers le chemin qu’elle devait prendre. L’oiseau était immense, pensa-t-elle, avec des plumes bariolées, des mèches bleues, d’autres vertes, d’autres jaunes, des roses. Il chantait comme on bâillait.

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