Villevert

Villevert, c’est la commune de mon grand-père, c’est la ville de tous les mystères, celle qui met les têtes à l’envers.
Villevert, c’est une ville sans cimetière, où l’en enfouit six pieds sous terre, dans le jardin du presbytère.
Villevert, c’est une ville sans marchand de sommeil.
Villevert, c’est là que je me suis perdue, et on ne m’y reprendra plus. Aïe, aïe, Aïe. Alors, voilà.
C’était sur une route sinueuse que je me suis arrêtée, en voiture avec mes gosses et mon fiancé. Des kilomètres on avait amassés, de s’arrêter quelque part nous étions tous pressés.
– M’man, on est bientôt arrivés ? serinaient Jeannette et Timothée.
– Tais-toi, et dors, rétorquait mon fiancé.
La patience l’avait abandonné, comme il avait de la guitare cessé de jouer, éprouvé par des kilomètres sur des routes cabossées.
Au-dessus de Villevert, il y avait des oiseaux, mais en dessous ni le sable ni l’eau. Moi au volant, je rêvassais de temps en temps. La tête dans les nuages, en quête d’un heureux présage.
Parfois à toute allure, à la vitesse de la démesure, j’emmenais ma vieille deudeuche au casse-durit. J’étais insouciante et amoureuse de mon guitariste.
Revenue à la réalité d’une nuit qui commençait à tomber, je devais déterminer un lieu propice où stationner pour la soirée.
Les mômes enfin endormis, malgré l’absence de leur lit, je demandai à mon fiancé des pancartes « Hôtel » remarquer.
Mais il avait trop picolé et la tâche ne put réaliser.
Alors agrippée au volant, guettant la mort au tournant, je prix les devants et en accélérant, décidai de traverser le village, en quête de fin de voyage.
Après Villevert il n’y avait rien, hormis de sinistres chemins. Au bord d’un lac gelé, un canard dépité confirma mes doutes.
– Hors de Villevert, ma louloute, il n’y a croûte. Une fleur ou deux paumées dans la nature, un sapin nu qui fait du gringue à un pommier… Rebrousse chemin, peut-être à Villevert tu trouveras bien un hôte pour t’accueillir, toi et ta marmaille. Mais… ne soit pas trop exigeante en réclamant ripaille. A Villevert, ils ont la tête à l’envers, il se passe des trucs bizarres dans les chaumières… Chut ! J’en ai trop dit, je dois me taire. Va-t-en !

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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