Bien plus qu’une balade

Iris aimait les balades. En forêt, sur la plage, le long des cours d’eau, en ville. Iris aimait les balades. A pied, à vélo, à cheval. Iris aimait les balades. Parce qu’elles ouvraient sur le monde et la vie. Elle apprenait à y voir la joie, le bonheur, les sourires. Et puis, tout était mieux que la maison. Mieux que l’obscurité, le froid et la tristesse. Mieux que cet océan de malheur qui avait englouti la maison de son enfance. Iris savait que si elle restait enfermé là-bas, elle ne tiendrait pas sa promesse. Et elle tenait toujours ses promesses. Les petites comme les grandes. Et celle-ci était immense. Alors elle sortait pour continuer à vivre. pour échapper à ce lieu où le temps s’était figé. Où plus rien ne bougeait. Où même parfois elle avait peur de respirer. Elle n’y était pas vraiment malheureuse. Elle n’y était pas vraiment seule. Mais Iris avait assez pleuré, avait eu assez mal au cœur. Elle voulait sourire, rire, vivre pour elle. Elle voulait que le monde ne puisse pas oublier le rayon de soleil qu’était sa mère. Et elle savait que c’était par elle que cela se ferait. Elle qui avait les même yeux, le même sourire, la même joie de vivre. C’était en tout cas ce qu’elle avait entendu toute sa vie. Alors elle s’était dit qu’elle ferait vivre sa mère à travers elle. Elle tiendrait sa promesse envers et contre tout. Même contre son père. Elle ramènerait le soleil dans la maison. Elle ferait à nouveau raisonner les rires. Elle dépoussiérait les souvenirs. Alors tous les jours, elle sortait voir le monde. Et tous les jours, avant de fermer la porte, elle voyait son père regardé le vide assis dans son fauteuil. Elle avait essayé de l’emmener avec elle au début, puis elle avait renoncé. Mais elle n’avait pas renoncé à le sortir de sa torpeur. Le sortir de cet état mélancolique. Il survivait, était là pour elle, allait travailler. Mais Iris savait. Elle savait que son cœur ne battait plus aussi fort, que ses yeux n’avaient plus d’étincelle. La balade avait une double obligation. Rependre le soleil de sa mère au monde et ramener la joie du monde à son père. Elle avait promis à s amère de ne jamais arrêter de sourire. Elle pouvait pleurer et être triste, mais toujours devait revenir le sourire. Iris avait étendu cette promesse à son père. Mais surtout, elle voulait retrouver cet homme souriant, blagueur, un peu bourru mais avec un cœur immense. Elle savait qu’il essayait. Pour elle. Elle savait aussi qu’il n’y croyait pas. Que sans elle, il aurait arrêté. Tout simplement. Elle ramenait toujours quelque chose de ses promenades. Une fleur, une anecdote, une photo, une pâtisserie. Quelque chose qui aurait fait son père, avant. Parfois, un sourire s’esquissait sur son visage. Au fil du temps, le sourire resta de plus en plus. La maison semblait moins froide et noire. Iris savait qu’elle devait continuer. Na pas s’arrêter tant que la vie n’aurait pas repris son cours. Tant qu’il ne déciderait pas un jour de venir avec elle en balade.

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