Ce matin , je me suis assise dans le jardin de la maison , accablée, devant la table .
Je suis journaliste à PLOUCMENECH , mon boss m’a demandé un papier sur le tri dans la nouvelle usine de déchets .
Je dois le rendre à 14h , 3 heures pour écrire .
Est ce qu’ il sait la nuit que j’ ai passée Yves ? mon boss , yeux clairs , 35ans , chevelure abondante , un peu années 70, jean moulant .
Bah non .
D’ abord question tendresse , c’ était pas vraiment ça. Mon compagnon Nicolas me gonfle , m’ ennuie , m’ accable .
Il passe son temps à me cacher ses textos érotico- idiots . Bref , l’héroïne de sa vie se prénomme Nadia, c’ est la prof de gym de ma fille Cloé, 14 ans , en crise .
DONC , je résume, après un échange de noms d’oiseaux qui a résonné dans notre chambre une partie de la nuit , je suis descendue dans le salon à 1h 15 ce matin pour essayer de dormir un peu pendant que Nicolas, j’ imagine, continuait à écrire ses sextos idiots .
A 8h 02 , Cloé est descendue dans la cuisine en hurlant qu’ elle voulait la salle de bains.
Ce soir , elle sort avec Fred , son amoureux . Nicolas dormait , épuisé par ces échanges de textos baveux .
Me voici : écroulée dans le transat , 9h 05.
Cloé a pris le car pour aller au collège , plus peinturlurée que lady GAGA et moi je suis assise devant l’ ordi , l’ œil vitreux .
J’ ai envie de vomir . Est ce que ce sont déjà les odeurs de la déchetterie de l’article que je n’ ai pas encore écrit qui m’ incommodent ?
Mais où est la joie qu’ j’ ai éprouvée jeune femme quand nous avons acheté la maison ? Quand j’ ai accouché de Cloé ?
Un hasard ? si on me demande d’ écrire un article sur le tri dans une déchetterie.
Un tri dans ma vie ?
Je me mets à respirer plus doucement : je veux un moment d’ évasion , énorme comme un immense lac bleu que ne perturbera aucune vague , même pas une vaguelette .