Bancs blancs

Le givre dessine avec soin les contours de tout. Les feuilles du laurier sont repeintes en blanc si parfaitement qu’aucun être humain n’aurait fait aussi bien. Le palmier n’est pas encore blanchi, la neige qui tombe poursuit son ouvrage. Il fait froid. Un merle traverse le chemin. Pour montrer qu’il est chez lui.

Les bords du terrain de sport ressortent sur le noir du goudron. Les bancs sont comme des traits d’union alignés en attente que quelqu’un s’en serve. Ils font la queue. Y a pas grand monde dehors qui en a besoin.

La gardienne du square, qui en garde deux autres, tourne dans les allées mais y a rien à surveiller, personne à remettre dans le droit chemin. Elle se réfugie dans son chalet. Elle s’ennuie. Des fois, elle préfère quand des jeunes descendent les escaliers du jardin en mobylette ou utilisent les jeux pour enfants « de moins de 8 ans ». C’est écrit sur la pancarte, savent pas lire ?

Elle aime mieux quand les enfants font des bêtises comme renverser des seaux de sable sur le sol en caoutchouc de l’aire de jeux. Elle agite son index, fait les gros yeux, l’enfant laisse tomber d’un coup son seau en plein milieu de l’allée, se met à pleurer et appelle sa maman. La gardienne est déjà plus loin. Des adolescents grimpent sur les grilles, elle siffle. Le temps qu’elle arrive, ils ont filé. La routine.

Il est temps de rejoindre le deuxième jardin. Là, c’est une autre histoire. Des jeunes gens des pays de l’Est se sont installés dans les grandes jardinières. Qu’est-ce qu’elle y peut ? Ce n’est pas dans ses cordes les sans-domicile. « Bonjour, comment ça va ?« 

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