Loin de la maison

Yale, le 10 décembre 1978,

Ma chère Hortense,

Je prends enfin mon stylo pour te donner de mes nouvelles. Merci beaucoup pour ton colis. Je l’ai reçu la semaine passée. En l’ouvrant, j’ai perçu comme un parfum de nostalgie. Le sentiment de revenir à la maison. Cela fait maintenant longtemps que je suis ici. J’ai parfois le mal du pays. Alors je travaille beaucoup et mon esprit stoppe son vagabondage. Je me suis fait plusieurs amis depuis mon arrivée. L’ambiance de l’université est très différente de ce que j’ai connu au lycée. J’étais alors encore un enfant. Ce dépaysement m’a fait mûrir plus vite que si j’étais resté étudier en France. Malgré mon envie forte d’exil, la distance me pèse parfois. Cependant, je ne regrette pas mon choix. Beaucoup de choses étaient lourdes à porter. Je suis tellement heureux que tu penses à moi. Dans ce colis, beaucoup de toi. Je t’ai reconnue à travers chaque objet ou friandise. Je t’imaginais choisissant et rangeant soigneusement tout ce que tu m’as envoyé. J’ai aussi retrouvé ton parfum si délicat. Ma solitude si palpable s’en est trouvée un peu apaisée. Je n’ai que très peu de nouvelles des autres membres de la famille. Maman m’écrit très peu et François doit être très occupé depuis la naissance de son petit garçon. Il est tard maintenant et je tombe de sommeil. Je dois, demain, me lever tôt. Inutile, à cette heure, de rester éveillé et d’étudier. Je n’ai plus la tête à ça. Je te remercie encore de ton envoi. J’espère que tu te portes bien et que tu profites pleinement de ce beau paysage qui t’entoure. Je ferme les yeux et je vois le soleil décliner derrière la colline. L’odeur de la lavande effleure mes narines.

Je vais, à présent, humecter délicatement l’enveloppe renfermant cette lettre.
Je t’embrasse très fort ma chère tante Hortense. A bientôt.

Ton Michel.

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