« Dans la frénésie de cette fin de mâtinée,
Toutes les curiosités du quartier
Se sont rejointes au comptoir
Et déjà partagent pensées philosophiques
Et rêves de liberté »
Tu me parles dans une langue que je ne comprends pas
On boit un petit blanc sec dans ce café où on se donne rendez-vous parfois
Tu parles comme tu cours
Vif, rapide, un peu haletant
Étrangement, ça m’apaise
J’ai toujours aimé les hiéroglyphes
J’essaye de déchiffrer tes pensées dans ton sourire
Mon frère…
Tu es de passage à Paris
Et tu sautes d’un quartier à l’autre
D’un rendez-vous un autre
Ce matin au lac de Vincennes
Ce soir à Montmartre
Hier au jardin du Luxembourg
Moi, hier, je me suis juste posée
Sur un banc
Les bras ballants
Regarder les passants
Les chiens déguisés
Un chat en laisse
Un papillon jaune
Des jonquilles ouvertes
Souris moi, mon frère
Avec tes yeux, avec tes dents
Souris-moi que je t’emporte dans mes rêves
Quand tu auras disparu
Oui à ta frénésie
Oui à tes curiosités
Oui à tes pensées
Oui à ta liberté
Tu regardes ta montre
Je sens que tu vas te lever
Déjà tu es en train de payer
Tu pianotes sur ton téléphone
Déjà ailleurs
Le troquet s’est rempli
Entre plats du jour et cafés crème
L’heure des lève-tard croise celle des lève-tôt
Tu m’embrasses
À bientôt petite sœur, tu dis dans un sourire
Un signe derrière la vitre
L’espace paraît plus vaste d’un coup
Le décor refait surface
Il n’y a plus de traité philosophique
Plus de danger à te perdre
Qui sait quand tu réapparaîtras ?
Comme toujours je me ruerai là où tu seras
À la librairie, l’été passé
Au musée, à l’automne
Comme si les saisons faisaient ta géographie
Et tu disparais, blagueur et tragique
Imprévisible
Jamais à sec.
Osez la poésie, Cécile. Tu as osé. Merci.
Emotions calmes & pleines.
Tes mots vont roulant au fond du ruisseau de nos mémoires & les éclairent d’une lumière particulière.
C’est un chant intérieur que tu nous donnes là, qui pourrait être une plainte ; mais qui est certitude d’un retour.
Ce frère est bien heureux de te connaitre.
Merci Thierry pour ton émotion partagée. Je ne sais pas d’où est sorti ce frère… Ce que je sais c’est qu’en l’écrivant, j’ai ressenti la même émotion qu’en écrivant un autre texte auquel tu avais réagi, Jean-Loup. Du coup, je l’ai relu et j’ai relu ton commentaire… Ce frère incarne peut-être pour moi les gens qu’on aime et qui fuient, je ne sais pas – étrangeté de l’écriture.