Pas vu, pas pris

« Pas vu, pas pris ». L’inscription s’étalait à l’abri des regards. Derrière le poteau, inaccessible. La parfaite description. Portant, Léon la connaissait bien. Il passait tous les jours à cet endroit. Toujours entre le mur et le poteau car sinon c’est trop facile. Cela lui donnait surtout l’occasion de réaffirmer l’appartenance de ce mur à son territoire. Ensuite, il sautait par-dessus pour retrouver Toulouse, son mai d’enfance. Qui lui aimait un peu moins la finesse. Il ne comprenait jamais pourquoi Léon aimait l’ironie de l’emplacement. pour Toulouse, ce qui lui parlait était plutôt un phrasé semblable à « Cé ki lé artiste ». Et il ne comprenait pas pourquoi Léon hérissait les poils à chaque fois qu’il passait devant. Malgré tout, « Pas vu, pas pris » avait toujours été leur façon de faire. Ils parcouraient le quartier à la recherche de la meilleur bêtise. Renverser une poubelle, voler chez le poissonnier, sauter sur les tables du café. Le jeu étant de ne pas se faire attraper et cela ne remonte jamais aux oreille de Denise et Monique. Car sinon adieu la belle vie. Adieu les heures au coin du feu à se faire grattouiller les oreilles. Adieu la pâté su soir. Adieu le petit plaid au soleil. Ils n’avaient jamais voulu quitter leur vie dans la rue mais pour rien au monde, ils ne voudraient quitter non plus la chaleur de leurs foyers. Les anciens chats de gouttières devenu presque pantouflard.

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