Saint-Malo – Partie 1

En ces froides journées d’hiver, elle avait décidé de changer d’air. Elle n’espérait pas trouver un air plus chaud. Elle se doutait bien qu’où qu’elle aille le froid lui piquerait le visage. Changer d’air, changer d’environnement, ne pas voir les mêmes visages, les mêmes rues juste pour une journée ou deux, ça lui ouvrirait des horizons, pensait-elle.
Sa décision avait été prise à la dernière minute, les destinations possibles en avaient été fortement réduites. Sur le site de la SNCF, à moins de deux heures de train, il lui restait la belle ville de Saint-Malo qu’elle n’avait jamais visitée. Hop, un petit coup de carte bleue, trois quatre vêtements jetés dans la valise et la voilà transbahutée dans le train direction Saint-Malo.
Elle se laissa bercer par le roulement du train parfois assoupie, parfois les yeux perdus dans le vague. Elle n’entendait rien autour d’elle, ni les pages des journaux qui tournaient, ni la musique un peu forte dans les écouteurs des voisins. Elle sursauta à l’annonce « Arrivée en gare de Saint-Malo, dix minutes d’arrêt.»
Elle reboutonna bien son manteau, enfila son bonnet, enroula son écharpe et prit sa valise. Sur le quai, elle sortit aussi ses gants. L’air marin était beaucoup plus vif que l’air parisien.
Elle déposa sa valise à l’hôtel puis sortit sur la plage. Elle s’assit sur le sable froid. Les mouettes se disputaient un morceau de pain. Certaines, un peu plus téméraires, avaient abandonné le morceau de pain et s’étaient jetées, bec le premier, dans la mer. Fièrement, elles ressortaient le bec serré sur leur proie. On ne fait jamais attention à l’oiseau tout mouillé sur la plage, encore moins par les froides journées de février.
Elle aperçut des personnes au loin. Certaines couraient, après quoi, se demandait-elle ; certaines marchaient au bord de l’eau jusqu’au ponton et revenaient sur leurs pas. Essayaient-ils de retrouver leurs traces passées ?
Soudain, elle vit, au bout de la laisse d’un Saint-Bernard, un homme qui lui paraissait bien familier. Elle plissa les yeux pour mieux le voir. C’était le libraire de la rue de Bagnolet ! Son libraire à la voix grave.

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