Tête et corps

Parfois, je voudrais sortir de mon propre corps. Parfois, je voudrais laisser mon cerveau sur la table de nuit. Dans les deux cas, je voudrais arrêter de me prendre la tête. De me casser la tête. Comme si ma vie, mon corps, mon cerveau devenaient un casse-tête impossible à faire. Impossible de libérer la chaine ou de remettre les blocs en ordre. Je déteste arriver à cette impression de n’être jamais bien. Soit ma tête part en vrille, soit mon corps part en gelée. Serait-il trop demander de pouvoir maitriser mes mouvements et mes pensées ? Un instant de répit dans le chaos serait le bienvenu. Si je m’assois un instant, que je souffle du plus profond de moi et que je lève les yeux au ciel. Ou tout autre rituel pour calmer tout le tumulte, je sais bien que tout ce que je viens de raconter est faux. Rationnellement, je sais que ce n’est pas toujours comme cela et qu’il faut juste que je m’accorde un peu de temps. Mais bien sûr, rationnellement est un mot qui disparait souvent de mon vocabulaire. Surtout avec la fatigue. Mon cerveau considère certaines fonctions superflues quand je suis fatiguée. Comme la rationalité, les filtres ou la parole. Du coup, soit j’ai les nerfs en pelote, soit je dis tout ce qui me passe par la tête, soit je suis muette comme une carpe. Et fonctionner en société devient difficile. J’aimerais bien parfois me rouler en boule sous ma couette et attendre que cela passe. Mais ce n’est pas possible car il faut continuer. Continuer à ouvrir la porte, continuer à servir la soupe, continuer à aller travailler. Cela c’est quand mon cerveau décide que se sentir bien est un luxe. D’un autre côté, je ne sais pas ce qui est pire : cela ou quand mon corps décide que c’est lui qui mène la danse à présent. Une danse désarticulée et désagréable. Comme si il voulait se tordre sur lui-même, se faire tout petit. Ou éclabousser le monde. Tout dépend de son humeur. Le jeu devient alors de se concentrer sur autre chose, chasser le fourmillement et reprendre le contrôle. Ou parfois laisser faire et attendre. Tout dépend de la force que j’ai à ce moment-là. Et come tête et corps vont de pair, j’attends ou je m’enferme en moi-même. Ce que j’ai trouvé de plus efficace c’est soit de m’accorder une journée seule à l’écart du monde, soit de m’entourer de quelques gens. De ceux qui me font sourire. Car un sourire même forcé met du baume au cœur et à force on fini par sourire vraiment. Ou alors j’écris. Des pages et des pages. Comme si tous les mots sur la page disparaissaient de mon esprit. Tous ces sentiments désordonnés retrouvaient leur place. Parfois rien ne marche et parfois tout. J’ai juste accepté les hauts et les bas. Mais surtout j’ai accepté les bras et les mains. Les mains tendues et les bras enlacés. C’est finalement le meilleur des remèdes. Accepter l’aide. Accepter de ne pas être seule.

 

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