Un matin mal commencé

Le matin a été difficile. Je me suis réveillée dans un lit froid avec le ciel aussi gris que mon humeur. Je déteste me réveiller seule. Je me sens toujours un peu abandonnée. Comme une enfant qui aurait perdu son doudou. Mais moi c’est mon roudoudou qui est inexistant. Je regarde les heures défiler sur la pendule de mon bureau. Enfin défiler c’est un grand mot. J’ai plutôt l’impression que quelqu’un revient en arrière à chaque fois que je tourne la tête. Pourtant, il me faut garder courage. En effet, malgré le froid du matin, la lueur d’un petit mot avait réchauffé mon cœur. « Rejoins moi au jardin au-dessus de la mer et nous retrouverons le train manqué. » Le jardin au-dessus de la mer, c’est un petit hôtel dont le jardin est comme suspendu au-dessus de sa fontaine. Nous n’avion spas réussi à avoir une chambre la dernière fois que nous y étions. Nous nous étions perdus dans les rues et tout était complet en arrivant. A défaut, nous nous étions évadés dans les images de ce jardin atypique. Plus que quelques instants avant la délivrance. Je vais enfin pouvoir rejoindre la douceur d’un parenthèse dans la grisaille. Je trouve une place pour me garer dans l’avenue des Champs Elysées alors la soirée sera forcément inoubliable. Arrivée devant l’hôtel, j’ai quelque peu les mains moites mais je franchis le seuil d’un pas décidé. Je récupère le numéro et la clé de la chambre. Il semblerait que tout est été préparé dans les moindres détails. Je monte à l’étage et le couloir semble infini jusqu’à la chambre. Par la fenêtre, j’aperçois le jardin. Toujours aussi beau. Je me trouve enfin devant la porte 3. Bien sûr. Les moindres détails. La 3 qui se trouve après la8 et en face de la E, comme lui avait dit le réceptionniste. C’est un peu comme entré dans le monde d’Alice au pays des merveilles. J’ouvre et pousse la porte. Au centre de la pièce se trouve un lit à baldaquin avec un seul oreiller et le chat rond. Evidemment Gérard est complice de tout cela. C’est le seul à pouvoir approcher Rantanplan. J’offre une caresse au matou quine bronche pas. Absolument pas dépayser d’être dans une chambre d’hôtel, seul. Sur la table de nuit trône une feuille.

« Ma chère Augustine,

Je me souviens que tu as toujours voulu séjourner dans cet hôtel. Il te ressemble. Et je sais que tu as besoin d’un peu de temps pour toi. Alors je t’offre ce week-end à une. Pour toi. Un grand lit, le chat, un jardin au-dessus de la mer et une feuille blanche. Pour te permettre de prendre un nouveau départ. Celui que tu as toujours voulu être. Celui qui te donnera le sourire.

Ton roudoudou »

Je repose la feuille. Je sui déçue et heureuse. Un peu soulagée de n’être que moi. C’est vrai que je me suis un peu perdue en route. La feuille blanche sonne l’heure de se retrouver.

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