Un vent de liberté

Il était bien chez lui, enfoncé dans le canapé. Il avait eu une brève envie de sortir. Mais lorsqu’il se décida enfin à se lever, le vent s’était levé avant lui. Il avait donc cédé sa place et laissé le vent siffler, glisser sur les branches, danser avec les feuilles. Lui avait juste changé de perspective et avait tourné son regard vers la fenêtre. Il avait enroulé le plaid autour de ses épaules, ça lui faisait une jolie cape bleue.
Il essayait de suivre le chemin du vent quand la pluie s’en était mêlée. Sa vue s’en était trouvée un peu moins claire, striée par les gouttes qui coulaient sur la vitre. Il entendait un peu moins le vent. Il avait dû partir plus loin, trop loin. Peut-être allait-il revenir. Il avait été surpris par l’arrivée soudaine de la pluie qui lui gâchait son terrain de jeu.
Il reviendrait, c’est certain. Il était rusé comme un singe, pensa l’homme à la cape bleue. Il viendra tout balayer et surtout, d’un léger souffle, séchera la moindre goutte rebelle.
Fâché de ne plus entendre le vent, il alla se faire un thé. Il espérait que le sifflement de la bouilloire lui donnerait la même sensation de liberté infinie.
Il fit couler l’eau chaude sur le sachet, laissa infuser. La tasse entre les mains, il s’assit face à la fenêtre. La pluie jouait de la musique : croche, croche, noire, blanche, croche, noire, croche, noire, blanche. Les gouttes tambourinaient gaiement sur le sol, les toits, les vitres. Le vent reviendrait danser sur cette musique.
Il s’imagina le voyage du vent. Était-il parti dans une clairière ? S’était-il engouffré dans les ailes des oiseaux ? Plusieurs idées lui venaient en tête quand le vent revint en trombe.
Cela le fit sourire. Le thé avait un peu refroidi, il en but une gorgée. Il s’était dit que le vent avait un moral de loup. Il ne se laissait jamais abattre. Il soufflait de toute façon toujours quelque part. Il représentait le souffle de la vie.
Il fut surpris par le téléphone. Un message apparut : « Je n’arrive pas à te joindre depuis hier. Comment vas-tu avec toutes ces intempéries ? ». Comme un poisson dans l’eau ? s’interrogea-t-il. Non plutôt heureux comme un coq en pâte. Il but une autre gorgée de thé. Il répondrait peut-être quand il aura fini ou quand la pluie aura cessé.

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