Down the rabbit hole

Il y a 18 lunes qu’elle erre. Elle marche sans but. ou peut être vers quelque chose. Elle a oublié mais elle marche. C’est le plus important. Elle croit se souvenir que son anniversaire est passé pendant  ce temps. Aurait-elle eu 55 ans hier ? Elle ne sait même plus vraiment quand est hier ou aujourd’hui ou bien demain. Les jours se confondent. Le jour et la nuit se mélangent. Ici tout semblent inversé. Où serait-ce là-bas ? Quand on en sait plus où est ici et là-bas et que les pas nous portent vers l’inconnu, les repères s’envolent. Essaye-t-elle de rentrer ? A-t-elle quelque part où rentrer ? Peut-être l’attend-on ? Elle ne sait plus et ses pensées s’embrouillent. Cette maudite fée de ses 5 doigts l’a éjecté de sa vie pour ici. Peu importe ce qu’ici est. Elle lui a secoué si fort le cerveau que tout s’est mélangé. Plus rien n’est à sa place. Ils étaient 4 à table, 6 au maximum. Un 5 à 7, rien de plus ordinaire. Quand de trahison en passion ou de passion en trahison, le fée sortit du livre et se précipita sur elle. Peut-être est-elle dans le livre ? Ou les livres ? De 1914, en pleine guerre, au croque-mitaine et ses 43 dents. Le décor n’a plus de sens que ses pensées. Alors à défaut, elle marche. Elle se dit qu’elle arrivera bien quelque part un jour. Ou une nuit. Tout à coup , 92 000 heures et 59 000 secondes plus tard, le chat vole et elle s’arrête. Ses pieds l’un à côté de l’autre et non plus l’un derrière l’autre. Le chat plane au-dessus de Paris. Paris, c’est de là qu’elle vient. A force de marcher serait-elle revenu chez elle ? Le chat s’en va et une enveloppe se colle à son visage. 75019 Paris, retour à l’envoyeur par manque de rue. Peut-être un indice. Elle l’ouvre et commence à lire. 29 février, sur le port. Ses pieds repartent et elle lâche la lettre. Il semblerait qu’elle traverse le temps et non l’espace. Le port, elle s’arrête à nouveau. Au loin, elle voit un parapluie avec une √4 sur le dessus et deux personnes dans un des coins. Paul, murmure-t-elle. A présent, elle court. Si vite qu’elle pourrait faire du 90 à l’heure sur cette route qui n’en ai pas une. Ni pavés ni bitume, juste ce petit tube qui pulse jusqu’à une nouvelle date. 24 décembre 1986, la naissance de Juliette. Tout prend de nouveau sens. Elle court à perdre haleine, de neurone en neurone, pour sortir de ce dédale de son esprit. Refaire le fil de ses pensées pour trouver la sortie. Elle comprend enfin. Elle est assise devant la fenêtre perdue dans ses pensées. Littéralement. De pensées abstraite en souvenir pour retrouver le présent. Retrouver la première. Celle qui a tout déclencher. Elle en attrape certaines au passage mais aucune ne l’aide. 71,212 ans, l’âge moyen des seniors. Enfin la sortie.

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