Entre cauchemar et réalité

Annie se réveille en sursaut. La sueur perlant de son front. Un cri qui ne résonne pas  au bord des lèvres. Elle observe sa chambre pour tenter de se débarrasser de sa sensation de peur. La lampe de chevet. Une respiration profonde. Les habits au sol. Le cœur qui se calme. Les cadres au mur. La vision qui devient nette. Elle sent encore les soubresauts de son corps et le souvenir incrusté dans son esprit. Elle sait qu’elle est enfin réveillé mais pas encore nettement ce qui est réel ou non. Elle cale son dos contre le mur et ferme les yeux. Elle laisse les images de ce monde onirique se succéder sous ses paupières. Comme si les revoir pouvaient les chasser. Elle laisse la myriade d’émotions l’envahir sans résistance. L’émerveillement. Le doute. La stupeur. La colère. Elle passe à nouveau par l’ouverture entre les deux mondes. Emerveillée par la beauté de la nature, par l’éclat de la lune. Un peu trop pour voir la menace arrivée. Un peu trop pour se rendre compte que sa beauté est égale à sa dangerosité. Un peu trop pour remarquer qu’elle ne peut plus repartir. Il ne reste plus qu’à survivre à cette beauté mortelle. Courir, sauter, esquiver. Sans cesse. Sans répit. Les souvenirs défilent toujours et elle frisonne. De froid ou de peur, elle ne sait plus. Tout semble si réel et pourtant faux en même temps. Comme si son cerveau se battait avec deux réalités. Elle se force à calmer à nouveau sa respiration et les battements de son cœur. Elle sait que le pire est à venir, mais elle veut aller au bout pour oublier ensuite. Les monstres, les plantes, l’inconnu se succèdent sous ses paupières. Elle a l’impression de revivre sa vie toute entière. Une vie qui n’existe pourtant que dans l’espace de sa tête et le temps de la nuit. Elle pourrait presque entendre les aiguilles de la pendule. Leur tic-tac rythme sa mémoire jusqu’à l’instant qu’elle sait fatal. Celui qui l’a tiré du sommeil. Celui où tout d’abat et tout s’arrête. La sonnerie de son réveil fracture ses souvenirs en un instant. A nouveau, elle ouvre les yeux en sursaut et voit s’évaporer les dernières miettes de son cauchemar. Il ne reste plus qu’à démarrer la journée pour effacer définitivement la nuit.

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