La conscience du ciel de pierre

La voûte de pierre me surplombait. Massive, solide, comme éternelle. Et pourtant si je regardais bien je pouvais y apercevoir les traces du temps. Les rayures, la mousse, la couleur passée. Ce ciel de pierre avait-il conscience de ce passage des années ? Sentait-il le froid et l’humidité le ronger petite à petite ? Se souvenait-il de toutes ces vies passées sous sa protection? J’observais chaque crevasse, chaque pierre, chaque plante. Comme pour reconstituer sa vie. Les yeux fermés, j’essayais d’imaginer les gens que cette voûte avait abrité. Leurs pas, leurs conversations, leurs rêves. Il n’y avait aucun son dans ce monde déserté. Aucun à part celui de la nature. Et pourtant j’aurais tout aussi bien pu me retrouvé dans la salle la plus animée. Le froid qui s’insinuait dans tout mon être me poussa à me relever. L’humidité de l’air et sa fraicheur annonçait l’orage mais je n’était pas pressée de rentrer. J’étais seule dans cette ville fantôme. Seule et entourée de toutes ses vies oubliées. De toutes ses vies effacées à mesure du temps. Les mures encore debout mais délabrés parlaient de ses vies. Mes doigts parcouraient la pierre rugueuse et la mousse spongieuse. Combien de mains avaient-elles fait le même parcours ? Combien de pieds avaient-ils foulé le même chemin ? Combien de têtes s’étaient-elles levées vers le ciel de pierre ? J’entendis plus que je ne vis les premières gouttes de pluie. Le ploc particulier de l’eau sur la pierre. Le ploc particulier de l’eau sur la terre. Le ploc particulier de l’eau sur la peau. Toujours le même quelque soit les siècles.

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