Si j’aurais su

« Si j’aurais su, … ». Le reste de la phrase se noie dans le brouhaha mais ce début continue de résonner dans ma tête. Il fait remonter tellement de souvenirs. Mon frère a toujours eu du mal avec cette phrase. Pendant longtemps les « si j’aurais » ont retenti dans la maison. Invariablement suivi d’un « Les si n’aiment pas les rais » et par voie de conséquence d’une porte qui claque ou d’un grognement de frustration. En effet, ma mère n’a jamais pu laisser passer une faute de grammaire. Son côté institutrice surement. Et de l’autre côté, mon frère ne faisait pas énormément d’effort. Il suffit de saupoudrer cela avec un soupçon de susceptibilité de la part des deux, et le mélange est explosif. Du coup, j’ai passé mon enfance à entendre « les si n’aiment pas les rais », « on dit crotte de nez pas crotte à nez. » et autres joyeuses phrase mnémotechniques. Et mon adolescence à entendre les portes claquer parce que mon frère détestait qu’on lui rappelle ces petites fautes de langage que tout le monde considère mignonnes sauf lui. Et il avait surement raison. C’est mignon de parler de son enfant de 5 ans qui ne sait pas prononcer piscine qui devient « bicine ». C’est plutôt frustrant quand ton enfant a 15 ans et qu’il ne veut plus entendre cette histoire, encore moins devant ses amis. Aujourd’hui, je trouve cela drôle, surtout quand dès que j’entends ces fautes, immédiatement la voix de ma mère résonne dans ma tête. J’ai pu tester cette théorie avec ma collègue qui a du mal entre le à et le de. C’est systématique. JE me retiens de lui dire car je me souviens ô combien c’est pénible. Et pourtant mon cerveau ne peut s’empêcher de la corriger. A chaque fois. Il faut croire que certaines choses restent gravées à jamais. Les faute d’orthographe et de grammaire me font grincer des dents. Mon cerveau se replie sur lui-même un instant avant de traduire et de corriger. Il semblerait même que cela se voit sur mon visage, si j’en crois mes collègues. Heureusement que les mails et le téléphone existent. Au moins, je peux m’indigner en paix dans mon bureau sans offusquer le reste de l’étage.

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