Duel en silence

Une sourde colère pourrait étreindre mon cœur et me pousser à quelque vengeance soudaine et sournoise. A quoi bon vivre pour se venger des autres ?

Blessée certes mais pas revancharde. Estomaquée bien sûr mais pas indigeste. Les paroles prononcées et les actions perfides n’ont que l’importance qu’on leur donne.

Digérer la rage diffuse, la laisser s’évaporer. Ne pas se laisser happer, retourner, mâchouiller. Il partira, il changera et j’en serai débarrassée.

Combattre le bon combat. Ne pas perdre son temps. Respirer un grand coup, ou plutôt plusieurs – car oui certaines choses prennent du temps – et dépasser ce qui semble être.

Se taire, surtout ne pas craquer. Ne pas fissurer l’entente apparente. Etre un bon orateur en toute courtoisie, en toute hypocrisie peut-être ? Alors un orateur muet car le verbe peut trahir ou être réinterprété à la sauce-Lyne.

Se taire, c’est parfois ce qu’il y a de mieux à faire. Ne pas envenimer, ne pas être poussé dans ses retranchements.

Victimisation, culpabilisation. Vous aussi taisez-vous, du moins si vous le pouvez car la vie et la mort sont au pouvoir de la langue. Mais vous n’en avez cure, votre bouche est un sac de glaives propulsés à la vitesse de l’ultrason.

Colère, oui il me semble bouillir lorsque je découvre toutes vos fourberies. Oui, celles que vous avez l’audace de mettre sur mon nom.

Vous êtes tellement parfaits. Je préfère tenir ma langue. Je ne voudrais pas écorner l’image que vous vous faites de vous-mêmes.

Je suinte la colère, je suis révulsée par votre comportement mais puisque se taire ou parler sont comme pisser dans un violon. J’ai choisi mon camp. Je ne veux plus perdre mon temps.

De reproches en fadaises, vous jetez de l’huile sur le feu, attendant que je réponde à vos provocations.

Aux temps anciens, nous en aurions fini bien vite, en nous présentant à l’aube au bord de l’étang, emplissant de poudre nos instruments fatals. Il n’aurait plus été question de vos baveuses balivernes. Nous y aurions mis terme sur une musique d’Haendel, vêtus de beaux costumes.

Voyez la scène et toute cette verdure encore dans le brouillard. En réalité, c’est un cauchemar sans fin, demain à l’aube pour moi encore un message assassin.

La colère passer mais la connerie reste.

Auteur et artiste visuel née en 1990. Vit et travaille en région parisienne. Participe aux ateliers sous les toits depuis janvier 2018 pour le plaisir d'écrire et de partager un moment convivial. Publications dans les revues An Amzer Poésie, Bloganozart, Fantasy Art & studies et dans les ouvrages collectifs A-Marée (2015), Encuentro (2014), Bloganozart Editions, Les Fiches Canasucre volume I (2014) éditions Canasucre Productions. Parution en 2015 de Jacques Cauda, in Cauda venenum aux éditions Jacques Flament, biographie du peintre et écrivain Jacques Cauda, en co-écriture.

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