Comme un miroir

– Et vous n’êtes plus jamais revenu dans cette maison ?

– J’y suis repassé pour les visites lorsqu’elle était en vente puis je l’ai définitivement quittée. Je n’ai plus remis les pieds dans la région durant les 30 années suivantes. Toutes mes activités me retenaient à Londres et à l’étranger.

– Vous n’aviez pas envie de revoir ces lieux ?

–  Je m’étais reconstruit par opposition à toute cette histoire. J’avais décidé d’aller de l’avant, et je colmatais les brèches de mon esprit perturbé en me lançant à corps perdu dans l’action. Ne jamais m’arrêter, c’était la phrase que je me répétais sans cesse à l’époque. Et cela a plutôt bien fonctionné, du reste. J’ai enchaîné les projets d’écriture de toutes sortes, articles, essais, nouvelles, romans.

–  Mais que s’est-il vraiment passé ce dernier jour à East Gate ?

–  Je n’ai jamais vraiment su pourquoi la porte était restée ouverte, si c’est le sens de votre question. C’est un mystère douloureux qui me hantera jusqu’à la fin de mes jours.

–  C’est parce que cette porte n’avait pas été fermée qu’il a pu rentrer dans ce jardin qui le fascinait tant ?

–  Oui, notre fils faisait parfois des crises de somnambulisme, c’est pour cela que nous étions extrêmement vigilants à bien fermer cette porte.

– Mais pas ce soir là.

– Non.

– C’est un bruit qui vous a réveillé ?

– Oui, j’ai cru entendre le bruit de quelque chose qui tombait dans l’eau. Le temps que j’atteigne l’étang, sa surface était de nouveau lisse comme un miroir.

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