Et si ton chapeau s’envolait

Et si ton chapeau s’envolait, je courrais après, traversant le Pont d’Arcole, longeant les quais, je suivrais la Seine, je me perdrais sur les routes de Normandie, j’arriverais hors d’haleine à Trouville et j’irais voir la mer, j’enlèverais mes chaussures et mes vêtements et j’irais nager jusqu’à l’Angleterre, je rejoindrais Londres et je prendrais le Thalys, le métro et je te retrouverais là, là où nous sommes, toi et moi, là, et je te rendrais ton chapeau.

Et si tu me prêtais ta vie, j’en prendrais un soin extrême, je vivrais chaque instant le cœur palpitant ; je serais curieux et très respectueux. Je te verrais dans ton miroir et pourtant ce serait moi qui s’y mirerais. J’ouvrirais grand les fenêtres pour respirer ton air et quand enfin je te la rendrais, ta vie, je te montrerais comme je l’ai trouvée vivante et vibrante, comme je l’ai aimée, parce que c’était la tienne. Je te dirais merci et je te regarderais avec plus d’amour encore.

Et si les livres poussaient aux arbres, je te proposerais qu’on y grimpe, qu’on se pose sur une branche pour en lire quelques feuilles. Et puis on redescendrait et on marcherait jusqu’au pont, toi ton chapeau sur la tête, ce joli chapeau que tu ne quittes jamais. Et on se dirait qu’elle est comme ça notre vie. Quand le soir viendrait, on irait boire un petit verre de vin dans un bar et puis on retournerait vers la Seine, marcher avec les mouettes qui crient et les étoiles qui brillent et puis la lune aussi.

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