L’île des lamentations

-C’était il y a dix ans déjà, ou peut-être vingt ans….

– De quoi tu parles ?

– Du grand soulèvement…

– Ah bon, pas plus ?

– non, c’est quand le fleuve s’est totalement vidé dans la mer…

– Comment ça totalement ?

– Ben oui, l’eau de vie, le fleuve « Eau de vie », qu’est ce que tu crois ? le grand sillon de sable blanc et de cailloux qui va des marais sans sel à la mer, c’était un fleuve , un beau fleuve bleu.

– Ah c’est vrai ? et pourquoi il s’est vidé dans la mer ?

– Par désespoir comme tout le reste. . .ça a commencé quand ils ont rebaptisé l’île, l’île des lamentations, les nuages gris se sont accrochés aux petites montagnes… et puis ils n’en sont jamais reparti. il a plu des jours et des jours et même s’il peut moins maintenant, il fait toujours gris, si bien qu’on a appelé  les petites montagnes, les monts désespoir .

Puis se sont les marais qui ont commencé à cristalliser, du sel , du sel .. .alors tout le monde s’est rué dessus , et les Compagnies  ont extrait le sel jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus du tout; d’où leur nom de marais sans sel …

-oh! c’est terrible tout ça, et le grand soulèvement ?

– Ce sont les morts, ils aimaient leur cimetière avec la vue sur la mer et bien eux aussi , par désespoir devant ce chaos , ils se sont soulevés de leurs tombeaux et ont fuit vers la mer, plus un seul défunt dans le cimetière, à tel point qu’on en a fabriqué en terre glaise et on les a appelés les indispensables, c’est indispensable des morts dans un cimetière…

-Mais alors toute l’île était vide ?

-Et bien il restait quelques habitants , et un parmi eux qui s’était proclamé chef, il s’appelait Strutch, il vivait dans une maison , celle à côté du palmier, c’est lui qui a rebaptiser tous les lieux de l’île au fur et à mesure.

Puis est arrivé un écrivain, Maurice Leblanc, il est venu écrire un de ses roman, “l’île aux trente cercueils”, c’est tout ce qui restait du grand soulèvement, trente cercueils vides.

c’était il y a dix ans ou vingt ans, je ne sais plus très bien, je perds la notion du temps depuis qu’il n’y a plus de saison sur l’île… tu as quel age toi ?

-moi j’ai huit ans

Eh bien ce serait vraiment chouette si tu re-dessinais cette carte, avec des noms de lieux plus gais, peut être que l’eau de vie re-gagnerait son cours et que les morts reviendraient à la nage dans leurs tombeaux

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