Retrouvailles, et après ?

Marc et Sophie sortaient du resto ensemble. Ils avaient passé la soirée avec des amis. Ça faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Ils avaient travaillé ensemble il y a quelques années. Marc se souvenait encore avec nostalgie du spectacle de Sophie évoluant avec grâce dans l’espace restreint du bureau, et des petits plaisirs quotidiens que ça lui apportait.

Quand leurs boulots les avaient séparés, ils s’étaient échangés quelques nouvelles par mail. Et puis Sophie n’avait plus répondu. Marc en avait reparlé ce soir. Cela lui avait permis d’apprendre la raison de ce silence. Sophie avait en effet éclaté : « Mais t’as vu comment t’écris bien, avec des mots recherchés, châtiés, et tout… Quand c’est mon tour de répondre après ça, je me sens ridicule, la honte ! ».

Marc avait essayé de rééquilibrer « Oui, mais toi tu as d’autres qualités. Tu te souviens comment tu manœuvrais notre chef ? Tu le faisais sortir de ses gonds quasiment à volonté, et puis après tu savais le calmer, comme si tu avais une télécommande. Moi je suis complètement incapable de faire ça ! T’as aucune raison de ne pas te sentir à la hauteur par rapport à moi ! ».

Mais la conversation était partie sur autre chose, et Marc ne su pas s’il l’avait convaincue. Maintenant il était tard, il faisait froid, et ils étaient un peu pétés tous les deux. Ils déclarèrent chacun qu’ils allaient prendre le bus, et du coup, après s’être séparés de leurs amis, ils se retrouvèrent ensemble au même arrêt de bus. Le bus était annoncé dans un quart d’heure.

Marc déclara « tu descends à Père Lachaise, c’est ça ? ».

Sophie était intriguée et se dit intérieurement « tiens, c’est bizarre, il a regardé où j’habite. Qu’est-ce qu’il avait comme idée derrière la tête, il voulait s’inviter chez moi ? ». Mais, en fait, elle ne savait pas si ça lui plaisait ou pas. Et elle ne put pas se le demander bien longtemps.

Marc avait dû lire dans ses pensées, et se justifia aussitôt, pour montrer qu’il n’assumait pas une telle intention « oui, tu te souviens, tu nous avais raconté une fois que tu aimais bien aller voir la foule des touristes qui se recueillent sur la tombe de Jim Morrisson ».

Mais tout à coup, Sophie décréta en elle même qu’elle avait envie de rester un peu plus longtemps avec Marc. Comment lancer une perche sans risquer de se prendre une veste ? et sans aller trop loin non plus ? « Il y a un bar sympa près de chez moi, ça te dirait de prendre un dernier verre ensemble ? ».

Marc blanchit un peu. Rarement une femme ne lui avait montré tant d’intérêt. Son premier réflexe fût de dire non, mais heureusement le bus arriva, ce qui délaya un peu la réponse. Et finalement il trouva la ressource pour dire « avec plaisir ».

Tout à coup, ils ne surent plus quoi dire, comme effrayés par leur témérité. Le bruit du bus couvrit naturellement leur mutuel émoi.

Au bar, Marc essaya de relancer la conversation avec un compliment sur la façon dont Sophie s’habillait, qu’il appréciait sincèrement particulièrement.

Mais Sophie sembla être mal à l’aise avec un sujet déjà très personnel comme ça, qu’elle trouvait glissant. Des habits au physique, il n’y a qu’un pas, ou même plutôt quelques centimètres. Ils se replièrent donc sur le terrain plus neutre de commenter les nouvelles et les humeurs de leurs amis communs revus ce soir. Peu à peu ils dérivèrent sur la question des salaires. Sophie était très insatisfaite du sien, et finit pas obtenir celui du Marc, qui lui arracha un sifflement d’admiration. Peu après, dans le peu de place du bar bondé, après avoir été captivé par l’excitation de la conversation enfin relancée, Marc se rendit compte tout à coup que la cuisse de Sophie s’était collée contre la sienne…et elle restait là, collée, chaude, douce…

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