Yellow submarine

J’allumai la radio. « We all live in a yellow submarine » me répondit-elle. Je me demandais si la pop chaloupée des Beattles allait réussir à détendre l’atmosphère. Sophie ne sembla pas y prêter attention. J’étais gré à Marc d’avoir changé le sujet de la conversation. Il était parti dans des explications détaillées sur le processus de production de l’eau potable et nous expliquait que le goût de l’eau du robinet pouvait varier de jour en jour en fonction de la façon dont elle était traitée. C’est vrai qu’aujourd’hui mon verre d’eau avait comme un goût amer, mais je doutais que le dosage des produits purifiants y soit pour quelque chose. Je voulais bien la laisser s’aérer encore un peu, mais je sentais qu’un verre de whisky aurait été plus efficace. Sophie ne disait plus rien. Elle avait lâché sa torpille et se délectait de notre impuissance à réagir. J’essayais de l’imaginer en uniforme à bord d’un sous-marin de la marine nationale, mais je n’avais pas l’image. Mon sonar n’émettait aucun son. Certes, cela faisait trois ans qu’elle cherchait du boulot. Certes, cela faisait dix ans qu’elle me répétait son envie d’habiter près de la mer. Mais qui pouvait s’imaginer qu’elle finirait par s’enrôler dans l’armée avec l’intention de s’enfoncer dans les profondeurs de l’océan ? Je restais silencieux, les yeux écarquillés comme un poisson lanterne qui aurait gobé une maison. Les Beattles avait laissé place à « La mer » de Debussy, je ne goûtais guère à l’ironie. Marc avait changé une nouvelle fois de sujet et nous entretenait maintenant de sa nouvelle passion pour les cerfs-volants. Il paraît que les nouveaux modèles à ressort étaient terribles. Je me dirigeai vers le placard aux alcools.

Ce contenu a été publié dans Atelier au Long cours. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire