Arthur et Paulo

Il fut pris de fourmillements d’habiter depuis si longtemps dans la même ville.
Aujourd’hui il partait, un bout de fromage et une gourde d’eau dans son vieux sac à dos.
Il avait passé de si longues journées seul sur le perron de sa demeure, les yeux dans le vague, sans idées du lendemain, sans savoir pour quoi il était sur terre et encore en vie .
Ce matin quand il avait vu un hérisson traverser la rue tranquillement devant lui sans se soucier de quoi que ce soit, Arthur avait enfin touché l’essentiel.
Réfléchir un mégot éteint au coin de la lèvre ne servait à rien. Il fallait partir.
Agir et partir.
Il se sentit ragaillardi. Depuis des mois ou des années il n’avait senti en lui une puissance vitale aussi forte. Il se mit à courir, à rire à gorge déployée.
Lui le taciturne qui passait ses jours du perron au lit et du lit au perron , il s’étonnait de sa mue soudaine.
Il eut l’envie d’embrasser le hérisson qui l’avait sauvé et se ravisa.
Sans réfléchir il était sorti de son village landais et marchait en levant le pouce. Un réflexe de jeunesse.
Un camion rouge crissa et s’arrêta . Arthur courut et grimpa.
Le camionneur lui proposa aussitôt une bière qu’il accepta sans ciller.
Arthur renaissait. Jumpin’ Jack Flash des Rolling Stones à fonds dans la cabine l’enchanta. Sa jeunesse oubliée le rattrapa et il chanta avec Paulo.
Paulo sous ses airs de gangster avait un cœur qui débordait de son teeshirt et l’engageait souvent dans des aventures humaines rocambolesques.
En apercevant cet homme à la dégaine insolite, il avait senti une humanité en déroute. Il avait pilé. C était plus fort que lui. Une fois de plus son instinct de grand sensible avait vu juste.
Arthur avait besoin de compagnie. Il devait errer entre deux mondes depuis des années. Sa tenue déglinguée l’attestait ainsi que son regard délavé. Toutefois, Paulo y perçut une lueur de vie.
Paulo connaissait la suite de l’histoire mais il savait qu’il la vivrait à fonds comme toujours.
Ce soir Paulo s’arrêterait dans un restaurant de routiers et inviterait Arthur.
Ce dernier après quelques verres de blanc lui raconterait sa vie, son désespoir et peut être son attente.
Ils s’arrêteraient dans un motel, le naufragé dormirait d’un profond sommeil sans rêves qui empêcherait Paulo d’être à l’heure à son rdv professionnel. Retard humanitaire comme toujours.

J'écris depuis mon adolescence...comme beaucoup j'ai tenu un journal intime puis j'ai écrit des poèmes puis des textes et quelques petites nouvelles. J'adore lire depuis que je sais lire . Les livres furent mes premiers amis .

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