Enfin je dis ça, je dis rien

Dehors ce n’est pas encore l’hiver, pourtant il pleut, il fait humide, les nuages courent, le ciel est gris.

Pourquoi ?

Dessus le comptoir, j’ai posé mon ordonnance. J’attends que l’infirmière me regarde. Sa blouse est bleue. Elle s’appelle Delphine. Elle doit être née au début des années 80.

Parce que.

Dessous mon pardessus, j’ai mis mon pull noir. Je l’aime bien. Il est souple. Il est chaud. Il est doux.

Parce que.

J’attends mon tour, c’est pourquoi je suis là. La maladie a surgi la semaine dernière avec sa sœur la peur. Je suis anxieux, je suis envieux, je me sens vieux.

Pourtant.

Je ne me projette plus mais je suis vivant. La fin est peut-être proche mais j’irai demain nager dans l’eau claire et chaude. Le diagnostic, le pronostic et le protocole vont tomber comme un couperet.

Pourtant.

Dehors le vent souffle, la lune brille au-dessus des toits, les gens courent dans la rue cherchant les derniers cadeaux.

Dedans c’est l’attente. C’est pourquoi je dois penser aux autres et partager. C’est pourquoi je crois que je suis vivant.

Enfin je dis ça, je ne dis rien. Enfin tout ira bien.

6 décembre 2018

 

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