Et si enfin tu la quittais

  • Et si enfin tu la quittais !
  • Qui ça ?
  • Ta femme !

Nous en sommes restés là. Je ne comprenais pas cette remarque de Marc. Pourquoi me soumettre ce mouvement. Cela fait vingt ans que je vis avec Marie. Une histoire simple, faite de rituels, une histoire presque sans histoire. De la tendresse, de la bienveillance, des mots doux. On s’est rencontré un soir à la sortie de la BU, nous avions vingt ans. On s’est souri, on s’est parlé, on s’est revu et l’habitude à fait le reste. Et doucement, calmement, nos corps se sont rencontrés, on s’est aimé. On a fait des projets, on a rêvé à un avenir.

Souvent Marie me disait : « Et si les poules avait des dents ». Je lui répondais : « Avec des si, on mettrais Paris en bouteille ».

Et la vie a continué sans condition, sans âme. Oui nos âmes ne se sont pas rencontrées mais nos solitudes se sont épousées ; nos habitudes se sont mariées. Chacun a tu ses maux, n’a dit mots, ni de plus, ni de moins.

Je crois que j’ai trouvé une forme de bonheur, de sérénité. Une vie sans mouvement, sans saute d’humeur, sans bruit, sans parfum. Mais une vie douillette, sans prise de tête.

 

Marc m’a dit aussi : « Et si vivre, c’était faire danser son âme ». Ça c’était juste avant « Et si tu l’a quittais ».

Je suis perplexe, tout est complexe tout à coup. Je suis sonné, sonnerie. Et j’entends au fond de moi, mon âme qui respire, mes désirs qui s’éveillent, mon cœur qui bat. Mon regard d’un mouvement circulaire caresse l’horizon. Et je vois le ciel, les arbres, les fleurs, la fourmi et l’oiseau. Et je sens le vent, la chaleur du soleil et le parfum des roses. Et j’entends le bruit du ruisseau et le chant des cigales.

Ça y est ! Je suis là. Oui, si enfin je la quittais.

21 février 2019

 

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