L’amie presque prodigieuse

Je l’ai connue à la maternelle. Je n’ai toujours connue qu’elle. Elle a toujours fait partie de ma vie, de loin, de près. Je l’aimais autant que je la détestais avec cette fougue, cet absolutisme que seul connaît l’adolescence. Elle brillait. Elle était brillante comme disaient les parents. C’était la meilleure de la classe, le mètre étalon. Quand on ramenait une pas si bonne note que ça, invariablement nous avions comme question: « et elle a eu combien Anne Cécile? » 

Et invariablement Anne Cécile se voyait retirer 3 à 4 points à son contrôle de maths, de physique ou de géo. On aurait dû la détester lui jeter des cailloux, nous les autres filles car non contente d’être une excellente élève elle était jolie. Et si cela n’avait aucune importance du temps de la marelle, ce pouvait devenir un handicap pour se faire des amies au collège, à l’âge le plus ingrat et le plus méchant que j’ai connu. Mais avec la grâce d’une libellule, elle voletait au dessus des écueils et restait populaire en n’étant pas complètement parfaite. 

Elle piaillait avec nous dans la cour de récré. Elle adorait faire le signe des guillemets avec ses mains à l’américaine quand elle citait quelqu’un. Cela m’exaspérait et faisait rire les autres. Elle savait écouter et aider les autres, moi surtout en me laissant copier sur elle les devoirs de géométrie ou de chimie. Je fus bien ennuyée lorsqu’elle changea de lycée….

Elle savait également faire le pitre et je me souviens de ce fou-rire à la cantoche quand elle nous offrit un sourire à la myrtille qui s’était terminé en bataille rangée…

Ce contenu a été publié dans Atelier Buissonnier. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.