L’éclair fut violent , zébré, il arracha des cris à Mireille. Les vaches beuglèrent, les chevaux s’enfuirent. Dans la maison victorienne la poupée de Mirelle tomba avec fracas. Elle s’était disloquée . Sa tête gisait sur le plancher luisant. Les pleurs de Mireille redoublèrent quand elle constata le désastre. Sa grand-mère Violette lui tendit un spéculos, elle espérait ainsi la consoler. La gamine rejeta violemment le gâteau de sa grand-mère , habituée à ses cadeaux décalés. Violette s’empara de son miroir argenté et fêlé et s’y contempla de longues minutes. Essayant de comprendre .Qui était-elle vraiment à l’aube de sa grande vieillesse ? Une vieille folle ou une sage femme dégantée. La petite fille regarda du coin de l’œil , sa grand-mère avec sa sucette framboise sur ses genoux.
Mireille en colère , se saisit d’une aiguille et piqua doucement mais fermement le bras de sa grand-mère. Elle avait la colère tenace pour une fillette de huit ans.
Son méfait accompli , peu certaine de la justesse de son acte, elle se retrancha dans sa chambre. L’orage avait éclaté et Mireille adorait être seule dans son lit , blottie sous ses couvertures quand l’orage se déchainait.
Sur son lit elle découvrit un papier bleu où son nom était inscrit en grands caractères. Elle s’approcha et lut ces mots : « Mireille je t’aimerai toute ma vie Lucien ».