L’eau irrigue les sillons.
Panthère, gorille, oisillon
Ont choisi l’eau de la pluie
Assurant leur longue vie
Quatre vers écrits à la va-vite sur une route quelconque. Tel est pris qui croyait prendre !
Ainsi donc le poète est mauvais.
Pauvre enfant, bel ami… Comme on va le charrier.
Au coin du feu d’un foyer bourgeois, il déclame à toute la maisonnée , les lunettes savamment posées sur le bout de son nez.
Dans les vapeurs d’un pub bondé, il s’écrit à gorge déployée, à qui aimera sa prose entre deux ronflements.
Dans un square, électron libre révolutionnaire, il s’époumone dans la tribune aménagée, à qui voudra l’entendre. Ses feuillets prennent l’eau. Il n’a pas jugé bon d’apprendre son texte avec le cœur.
Le mépris, l’indifférence, le mettent au supplice. Même la critique ne daigne le décrier. Il faudrait pour cela l’écouter… N’importe quelle âme sensible ferait une overdose de ces odes moribondes.
Le public ? [Mais où est-il ?]
Le public, non ce n’est pas sa came.
Le poète se drape dans ses parures de lettre. Les voiles de son amour propre lui couvrent le visage. Oreilles, bouche, yeux ne sont plus en usage. Les chuchotements moqueurs tendent à disparaître. Le tissu se resserre et l’air ne passe plus.
Au caveau le verbe médiocre de ce piètre poète.

Auteur et artiste visuel née en 1990. Vit et travaille en région parisienne.
Participe aux ateliers sous les toits depuis janvier 2018 pour le plaisir d’écrire et de partager un moment convivial.
Publications dans les revues An Amzer Poésie, Bloganozart, Fantasy Art & studies et dans les ouvrages collectifs A-Marée (2015), Encuentro (2014), Bloganozart Editions, Les Fiches Canasucre volume I (2014) éditions Canasucre Productions. Parution en 2015 de Jacques Cauda, in Cauda venenum aux éditions Jacques Flament, biographie du peintre et écrivain Jacques Cauda, en co-écriture.