Ecrire pour écrire

Des mots en pagaille. Qualifiés. En liste. Allant ensemble ou non. Tant de mots et rien à écrire. L’esprit vide. Relire encore et encore chaque mot. En détacher chaque syllabe. Faire rouler les lettres. Les associer entre eux. Les prendre un par un. Non, définitivement, il n’y a rien. Aucune image. Aucune histoire. Aucune émotion. Des bribes dansantes dans le vent. Des flash colorés qui se succèdent. Une cacophonie de sons qui s’entrechoquent. Mais pas de bouée de sauvetage. Aucune pensée à attraper au vol. Et quand le focus se refait sur la réalité, il n’y a que la page blanche. Si blanche qu’elle éblouit. Si blanche qu’elle hante. Si blanche qu’elle crie. Et tout à coup, les mots s’alignent. Les phrases se démêlent. Oublier les listes et les mots. Oublier les pensées floues. Oublier le stylo immobile. Quoi de mieux que d’écrire sur l’incapacité à écrire. Il y a toujours quelque chose à dire. Pourquoi écrire ? Comment écrire ? Quoi écrire ? Le poignet s’assouplit. Le stylo glisse. L’esprit s’éclaire. Et la page, elle, se remplit. Elle fonce, prend de la couleur. Elle rougit de ces lignes tracées. Elle revit autant que la personne. Elle s’offre aux mots en cascade. A ce texte sans but. Sans fin ni début. A ce texte dont la seule ambition est d’être écrit. A-t-il quelque chose à dire ? Peut-être ou peut-être pas. Il existe tout simplement. Il s’étend de plus en plus jusqu’à la sonnerie. Il s’étend jusqu’à l’apaisement. Il s’étend jusqu’à sa taille. Celle qu’il doi avoir. Celle qu’il aura quand il aura servi ce but qu’il n’a pas. Ce but qui ne réside pas dans ses lignes, mais dans l’être qui les écrit. Ecrire pourquoi écrire pour trouver quoi écrire. Ecrire tout simplement. Ecrire comme simple fait. Sans réfléchir. Sans planifier. Sans savoir. Couper la réflexion et seulement laisser le stylo suivre la pensée. Retrouver le plaisir du papier, de l’encre et du bruit. Retrouver le plaisir tout simplement. Encore quelques lignes pour la fin de la page. Peut-être la fin du temps. Perdue dans les lettres, ne pas y penser et glisser. Du cerveau à la pointe. De mot en mot. D’une pensée à l’autre.

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