La galerie des glaces

Il rameute toute la galerie des glaces derrière les cônes en gaufrette avant de les engloutir.

C’est toujours la même histoire avec Fernand. Tous les étés, à chaque glacier. Il lui faut regarder chaque pot, chaque parfum. Des plus connus au plus insolites. Il prend le temps, pose des questions. Et moi, à côté, j’attends. Je pousse ceux derrière nous vers l’avant. Je place ma commende et la mange bien avant que Fernand ait choisi. Et immanquablement, son choix tire toujours un grognement au vendeur : « Votre galerie des glaces est très impressionnante. Je vais prendre une glace avec plusieurs boules. » Ensuite, il pose sa phrase et son regarde sur les cônes. La suite va alors dépendre de leur état. Il faut qu’ils soient beaux, croustillants, en gaufrettes. Si ce n ‘est pas le cas, il soupire puis continue : « En fait, je n’ai plus faim. On y vas, en se tournant vers moi et ignorant le vendeur superbement. Je crois que j’ai appris les noms d’oiseaux les plus inspirés et les plus grossiers à ce moment-là. Parce que même si c’est toujours la gaufrette qui le décide, il ne la vérifie jamais en premier. Et si le cône est à son goût, il continue par « Ce sera vanille, chocolat et fraise ». Cet instant, lui, m’a montré les commerçants avec le plus de retenue. Un client qui paye même le plus enquiquinant reste un client qui paye. Fernand récupère alors sa glace et l’engloutit en trois bouchées. Un pour chaque boule. Puis il savoure sa gaufrette jusqu’à la dernière miette. Je ne sais toujours pas si Fernand le fait exprès ou qi il est juste pointilleux. Moi, je m’en amuse. Aujourd’hui.

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