Le magicien

Un chapiteau s’élève sur la place du village. Un chapiteau sans zèbre, ni éléphant, ni singe. Encore moins de trapézistes. La tente est trop basse pour cela.

Une pancarte s’érige à l’entrée du village.

« La magie opère ce soir »

s’affiche en lettres d’or sur fond rouge.

Un attroupement se forme devant la pancarte.

  • C’est-y quoi c’te magie ? interroge Madeleine.
  • Tais-toi la Mado, tu vas porter la poisse ! rétorque Fernand, en lui donnant un coup de coude.

Arrive un gamin, un peu plus haut que 3 pommes.

  • Papy, Mamie, on va voir le magicien ? Alleeez ! je veux voir le magicien !

Les deux personnes âgées haussent les épaules.

  • T’es sûr de toi, Bastien ? demande le grand-père.
  • Oui ! oui ! Et le petit garçon de battre des mains.

 

Le soir tombe sans bruit sur le village autour du chapiteau.

Ils sont 14 à avoir pris place pour observer le charlatan selon les uns, applaudir le maître des illusions d’après les autres.

L’homme au regard hypnotique toise l’assemblée, la silhouette noire scintillant sous les  projecteurs.

  • Qui veut découvrir le contenu de la malle magique ? lance-t-il à la mini-foule.
  • Moi ! clame Bastien en levant le bras.

Mado et Fernand échangent un regard inquiet.

  • T’es sûr de toi ? pleurniche Mado.
  • Alleeez, Mamie, s’il te plaît, laisse-moi y aller !

Bastien monte sur l’estrade posée sous le chapiteau. L’homme en noir l’assied dans la malle et lui noue un foulard autour de la tête. L’enfant ne voit plus rien.

Une voix douce s’élève : « Comptez jusqu’à 3 et le néant s’ouvrira… »

Bastien commence, la voix tremblotante :

  • Un, un et demi… 2… 2 un peu… 2 et demi… 2 beaucoup… 3…

Les projecteurs balaient les têtes des spectateurs. La teinture violine est restée en vogue chez les coiffeurs pour dame.

Éblouis, ils ne voient plus la malle ni son propriétaire. Et Bastien ? se demande-t-on.

 

Les rumeurs vont bon train. Était-ce si bénéfique de laisser cet étranger planter sa tante et sa pancarte dans le village ? Les yeux se tournent vers les grands-parents qui ont laissé un gamin innocent en pâture à un magicien inconnu. Les cerveaux torturés imaginent le petit en pleine errance dans le néant. Perdu à jamais !

 

Un roulement de tonnerre frappe le ciel. Les lumières éclairent la malle d’où sort une tête connue. Bastien affiche un sourire béat. L’homme en noir lui prend le main et demande :

  • Ça va bonhomme ? Tu as eu peur ?
  • Absolument pas !

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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