Le vent

Le vent soufflait fort depuis deux jours. C’était plutôt exceptionnel en cette saison. Le cours de voile n’était pour autant pas annulé. Elle avait eu peur hier pendant son apprentissage. Du haut de ses onze ans, le peur s’emparait d’elle lorsque le bateau filait sur la mer grise. De gros nuages s’accumulaient à l’horizon. Elle avait l’impression qu’elle allait s’engouffrer au milieu d’eux et disparaître. Il n’y avait pas d’avis de tempête mais quand même, elle était très impressionnée par les éléments qui l’entouraient. Son moniteur n’était pas loin sur une autre embarcation mais cela ne la rassurait pas totalement. Elle se sentait fragile dans sa coquille de noix. Heureusement, en début de semaine, pour ses premières tentatives, le ciel était dégagé et le bleu de l’eau l’apaisait. C’est le hasard qui l’avait conduite à s’inscrire à ce stage. Elle était à des millions de kilomètres de penser qu’elle, la petite parisienne, essaierait un jour ce sport. Il n’y avait aucune logique à cela. Ses parents partaient souvent en vacances à la montagne. Ils aimaient l’activité physique, bronzer sur une plage les lassait rapidement. Mais il y a deux mois, à la récréation, sa copine Emma lui avait demandé : « Pauline, mes parents m’inscrivent à un stage de voile aux prochaines vacances, tu ne voudrais pas t’inscrire avec moi ? ». L’idée lui avait d’abord parue saugrenue mais elle aimait tellement Emma que l’idée de passer une semaine avec elle l’avait rapidement enthousiasmée. Elle aimait aussi l’idée de partir sans ses parents et son frère. Elle se sentait grande et fière. Ses parents acceptèrent tout de suite. Elle eût du mal à dormir cette nuit-là. Elle rêva de mer, de bateaux, de tempête, de vagues gigantesques. Elle se réveilla plusieurs fois. Au matin, heureusement, elle se trouvait dans son lit et non pas sur un bateau. Ouf ! Elle irait, vaincrait la mer et les pirates, serait bonne perdante si le bateau chavirait. Remonterait dessus et ferait preuve de courage quoi qu’il arrive.

Corinne J