Elle avait décidé que la flamme d’une de bougie déterminerait le temps qu’il lui restait avant qu’il ne passe la porte, un peu comme lors qu’elle était enfant et qu’elle pariait : « si une deux chevaux verte passe, il y aura du gâteau au goûter »
Elle saisit une bougie neuve dans la boite de huit, une bougie de ménage, c’est écrit sur le carton d’emballage, rien de fantastique, une bougie ordinaire, blanche, droite, même pas parfumée. Bon d’abord les anniversaire qu’elle n’avait pas fêtés, ou ceux qu’elle ne fêterait plus, elle alluma la mèche et chanta: « happy birthday to me » puis elle souffla, elle recommença dix neuf autres fois par ce que fêter 20 ans lui parut bien.
Ensuite, faire couler la cire sur cette lettre qu’elle avait relue dix fois, un cachet de cire pour la refermer à jamais, oublier le : « Je ne t’aime plus » de la fin.
Puis, un peu de cire, comme des larmes sur le bout de ses doigts par ce que cette nouvelle douleur si vive, surpassait celle de son cœur.
Du bout des doigts, enfin, modeler un petit personnage, nu, blanc, désespéré et vulnérable, l’approcher de l’amande mouvante et dévorante de la flamme et le voir se tordre et fondre doucement, goutte à goutte.
Un peu d’air froid qui Venait de la fenêtre entrouverte fit vaciller la flamme, une incertitude ? Combien de temps encore avant que la porte s’ouvre ? quatre centimètre ? trois centimètre ? moins encore ? Lui revint en mémoire le conte de Barbe bleue, La tour, la sœur Anne qui ne voit rien venir, l’épouse qui attend, le seigneur effrayant : « maintenant ma femme il faut Vous préparer à mourir. » Plus qu’un centimètre avant la déchirure ….
La porte s’ouvre en grinçant, il est là, beau, à peine éclairé par la chandelle qui meurt doucement . . .
- Qu’est-ce que tu fais encore ici ? tu n’as pas lu ma lettre ?
- Elle le regarda et répondit :
- Je l’ai lue, mais je ne crois pas aux contes de Fées, tu as encore un centimètre pour changer d’avis.
