Bon voisinage

Ma voisine a grandi dans une petite maison en terre battue , entourée de poules rouges et grises. Le soir elle allait traire l’unique chèvre de ses parents. Le sol boueux du sentier, entre les champs s’´accrochait à ses semelles. C’était une petite fille joyeuse malgré la pauvreté. Son premier jour d’école Elle ne l’a jamais oublié.. elle me l’a souvent raconté. Elle aimait apprendre, elle échappait en classe à la pesanteur des jours. Ma voisine a dû quitter l’école à quatorze ans. Elle a grandi, en mangeant,  le soir, des tartines trempées dans du lait chaud, en regardant passer, assise devant sa porte,des camionnettes Peugeot et des 2cv surchargées.

Elle a grandi vite, trop vite, en gardant sur sa peau la trace des mains rêches et affectueuses de sa mère. Ma voisine a grandi la tête pleine de rêves, et le cœur doté d’un optimisme d’erain Dans ce village aux ornières sombres, aux murs délavés.

Ma voisine en Normandie se moque de moi la parisienne et de ses problèmes futiles mais ma voisine arrose mes fleurs quand l’été Les a desséchées.

Elle est pour moi une héroïne du quotidien, celle qui n’a jamais rien lâché dans la ronde des années et qui, avec très peu de moyens, en serrant très fort les dents et les poings a mené sa petite famille à bon port.

Ma voisine a grandi comme moi, avec de la pluie sur ses capuches et des bourrasques plein les narines.. j’ai appris d’elle qu’il ne faut pas geindre mais toujours se redresser. Assises par terre dans nos jardins nous refaisons le monde et nous remémorons les temps anciens et quand survient un petit chagrin, une contrariété, nous partageons nos tartes aux pommes.

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