Ce printemps là

Ce matin, les mouettes sont de nouveau passées au-dessus de ma maison. Elles étaient dix peut-être quinze. Je ne les avais jamais entendues aussi fort. Autour de moi, la nature reprend ses droits. Les arbres sont magnifiques, les oiseaux caracolent. Je ne connais même pas tous leur nom. Comme étrangère à cette nature qui m’a précédée et qui me suivra. Je contemple, spectatrice d’un merveilleux ballet ce monde presque inconnu. J’aimerais pourtant que cela dure même après. Que le chant des oiseaux soit toujours aussi intense, que les couleurs, les odeurs soient celles d’aujourd’hui. Ce printemps est peut-être le plus beau depuis des années.

Et si je parlais la langue des oiseaux, qu’auraient-ils à me dire? « Je ne comprends pas pourquoi tu te poses autant de questions? Vis aujourd’hui et maintenant. Je perpétue ce pour quoi ceux de mon espèce ont été faits. Je ne me demande pas le sens de tout cela, cela est. Point ! ».

Le bruissement du vent dans les bambous me tire de ma rêverie. Je me surprends depuis peu à observer le mouvement des arbres dans le vent. C’est merveilleux, ça bruisse, ça danse. Je pourrais peut-être m’allonger dans l’herbe et la nature m’avalerait. Je deviendrai du lierre et j’irai envahir les murs les plus beaux. Je serai un rosier et piquerai tous ceux qui ne respecteraient pas ma beauté.

Et si ce printemps suspendu durait toute la vie? Il y a dans cette idée quelque chose qui m’attire. Alors je deviendrai sans doute un oiseau et je m’envolerai au-dessus de ma maison.

 

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2 réponses à Ce printemps là

  1. Emmanuelle P dit :

    J’aime beaucoup le passage « et la nature m’avalerait. Je deviendrai du lierre (…) Je serai un rosier ». Le texte est frais et fluide. Merci !

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