Cher Claude

– Cher Claude, avez-vous suivi mon allocution télévisée ?

– Votre quoi ?

– Je vous demande pardon ?

– Les bons numéros ne sont tus dernièrement. Je ne gagnerai plus au loto.

– Cher Claude, vous ne sortez pas miser votre pension de retraite parlementaire.

– Mais que diable faisiez-vous à la télévision ? Maudite ! Vous annonciez les résultats alors que je ne joue pas ?

– Cher Claude, je vous l’annonce sans détour ; j’irai demain droit devant moi.

– Grand bien vous fasse, nous habitons sur un boulevard, et, sauf erreur de ma part, vous avez la sobriété d’un chameau. Oh, que vois-je ? Fidèle, le domestique dévoué, tremble. Qu’avez-vous, mon ami ?

– C’est madame…

– Eh bien, quoi, madame… crachez, crachez, on fera le tri.

– Cher Claude, pas sur la moquette, de grâce, pas sur la moquette !

– Allez Fidèle, déballez tout !

– Mais enfin, Claude, il y a une femme dans cette pièce ! Je préfère me retirer.

Elle sort.

– C’est ça, casse-toi. Alors, Fidèle ?

– C’est madame… Ah monsieur, si vous saviez ! Madame a renvoyé le chauffeur et tient à conduire elle-même !

– Mais elle n’a pas le permis !

– Ah monsieur, quel grand malheur ! Elle ne sait pas tenir un volant, je vous l’assure. Elle est têtue et convaincue que son portefeuille lui garantit l’immunité.

– Cher Fidèle, on est pas sorti des ronces. Vous avez le permis, vous ?

– Oui, monsieur, oui !

– Très bien ! Vous voudrez bien m’emmener chez le buraliste ? J’ai des grilles de jeu en retard.

Le lendemain.

– Cher Claude, allez-vous me suivre ?

– Certainement, je serai dans la Smart de Fidèle. Vous comprendrez qu’il est hors de question que je n’abuse de votre véhicule de fonction.

– Cher Claude, votre distance m’interpelle. Je vous rappelle que je candidate pour la mairie. Il est important que nous nous montrions ensemble. Nous avons tous les deux embrassé des carrières politiques, non ? Certes, la vôtre n’est pas allée très haut. Mais vous en avez gardé une pension rondelette, n’est-il pas ? Assez de quoi vous faire livrer toutes vos fantaisies. Non ? Cher Claude, je vous le dis tout net. Nous courrons ensemble la campagne pour chercher des voix. Ce n’est pas négociable.

C'est un peu par hasard que j'ai découvert le plaisir d'imaginer des histoires. D-Ecrire des vies. Et j'ai trouvé avec Cécile et Philippe, et tous les participants, de quoi cultiver l'enchantement. Merci à tous.

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