Fait divers

La nouvelle a fait le tour du village, difficile d’y échapper : journaux, télévision, radio, tous les médias se sont rendus sur place. Une invasion de micros et de caméras. Tous les journalistes cherchent la vérité qui se cache derrière ce fait divers.

Cela a commencé par un cri perçant et persistant qui est venu du bois proche du village. Comme le cri d’un violon. C’était tellement fort et violent que tous les oiseaux se sont envolés, que les animaux ont fui. Les villageois sont restés sur place tétanisés.

Il est sorti du bois et est apparu hébété, essoufflé, en short, son violon sous le bras. Il était incapable d’expliquer, de nommer ce qui lui avait fait si peur. La police, le SAMU, les pompiers avaient été appelés en renfort. Tous étaient présents, mais présents pour qui, pour quoi ?

Petit à petit, il s’est calmé et a pu s’exprimer. Pour commencer de façon hachée cherchant ses mots. Sans arrêt de façon nerveuse, il serrait ses mains l’une contre l’autre…Puis, le calme est revenu, il a pu s’expliquer.

Il avait peur de la maladie, peur du virus, peur de ses voisins peut-être contagieux. Pour échapper au confinement dans son petit studio il s’était construit une cabane dans le bois. C’est la solution qu’il avait trouvée pour rester vivant. Enfermé avec son violon dans son abri, c’était le paradis. Du toit de sa cabane s’élevait un nuage de notes mélodieuses. Personne pour lui dire qu’il faisait du bruit – DU BRUIT NON, DE LA MUSIQUE OUI !-

Ce matin, le coup dur : en ouvrant l’étui de son violon, là, bien en vue, une araignée noire, énorme et velue. Etreint par la peur il a hurlé, hurlé, hurlé. Il a encore plus peur d’une araignée que d’un virus invisible.

A partir de là au village tout s’est emballé, l’info a fuité, les médias sont arrivés. A présent les journalistes sont furieux : tout ce tapage pour une araignée.

Allez les gars, on s’est fait avoir, on remballe !

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